Profitez de votre vie et épargnez sans pression

3 éléments qui me rappellent l’importance du « carpe diem » et le besoin de relâcher la pression.

Ce post est inspiré d’une conversation avec un ami datant d’il y a un mois, d’un fil Reddit que j’ai lu la semaine dernière et du week-end en famille dont je sors. Ces trois éléments convergent vers la même conclusion : il me faut cesser de gaspiller aujourd’hui en me mettant la pression pour planifier demain et épargner pour après-demain.

Le terme « pression » est ici central, et je vais tâcher de vous expliquer pourquoi.

Le sacrifice permanent

Il est communément admis qu’en début de carrière, il est bien vu d’enchaîner les heures sans vraiment compter pour se faire sa place et accélérer sa carrière. C’est un sacrifice temporaire nous dit-on, et après tu pourras relâcher la pression et rentrer plus tôt chez toi, tout en étant davantage payé. Intéressé(e) ?

C’était justement le sujet de la conversation avec mon ami. Il achevait un stage qu’il avait adoré et avait demandé à son employeur s’il était possible d’être recruté à sa sortie d’école, au même poste, mais en CDI. On lui a répondu qu’en fait, hors stage, le poste qu’il visait était accessible au bout de 5 à 10 ans d’expérience professionnelle. Je m’attendais naturellement à ce qu’il me dise que c’était dans l’ordre des choses et qu’il allait le faire. Mais là, surprise. Il me dit qu’il va y renoncer car il en a assez des sacrifices :

« Je n’ai pas fait HEC pour ça. »

Je ne veux pas paraître élitiste ou coupé du monde ici. On va toucher du doigt, dans les phrases qui suivent, le système des grandes écoles et classes préparatoires françaises, duquel je suis également un pur produit. J’aimerais vous faire comprendre ici un travers de ce système, que soulignait mon ami.

Je me souviens que mes parents m’avaient changé de classe entre le CM1 et le CM2 pour être sûrs que je puisse intégrer un « bon collège » — oui, la stratégie scolaire commence très tôt. J’ai ensuite bien travaillé au collège, pour intégrer un « bon lycée ». Dans ce « bon lycée », que faisais-je ? Je travaillais pour avoir un excellent bac et un bon dossier, pour intégrer une classe préparatoire. J’ai eu un très bon dossier, un excellent bac et je suis même reparti avec un prix au Concours Général en économie — si vous ne savez même pas ce que c’est, je vous rassure, c’était mon cas avant de le passer. Arrivé en prépa, là difficile de faire autre chose que de travailler dur pour réussir les concours.

Et c’est là que la promesse est assez vicieuse. Le pacte que nous pensons alors conclure est le suivant : travaille dur pendant deux ans et ensuite tout sera plus facile. Fini les sacrifices une fois passé le concours. Sauf que de l’autre côté, en école, l’écart se creuse en fait très vite entre celles et ceux qui continuent de travailler et ceux qui décompressent. On nous dit à ce moment que c’est bien de s’amuser, mais en fait il faut juste travailler encore un peu pour avoir un « beau job » en sortant d’école, mais qu’ensuite ce sera bon.

Et en sortant d’école, que nous dit-on ? Qu’il faut juste travailler encore un peu pour avoir un « beau poste », mais qu’ensuite ce sera bon.

Nous ne sommes pas des victimes d’un système atroce. L’erreur que nous faisons n’est pas de croire ces promesses vides de sens. Non, notre erreur fondamentale est de mettre notre vie entre parenthèses en nous disant que le temps perdu se rattrape de l’autre côté. Car cet « autre côté » est en réalité un demain permanent. Jamais nous ne nous réveillerons un matin de l’autre côté.

La pression est forte qui nous pousse à travailler dur pour nous créer « une situation ». Ce n’est pas mauvais en soi. Ce qui est regrettable est d’y succomber et d’y perdre tout son temps. Car le temps perdu ne se rattrape jamais.

L’ajout de l’épargne

Maintenant, imaginez qu’en plus de ce que vous vivez actuellement, vous tombiez sur ce blog qui vous dit : « travaillez plus pour gagner plus et l’épargner et l’investir ». En somme, si vous n’êtes pas millionnaire à 30 ans, c’est bien que vous avez raté votre vie non ?

Vous vous fourvoieriez alors sur notre message. Mais je comprends tout à fait que ça puisse être le cas. Car en sus de la pression que vous avez pour trouver votre âme sœur / progresser dans votre carrière / être heureux / rembourser un emprunt / payer les factures / etc., nous vous disons qu’il faut im-pé-ra-ti-ve-ment que vous épargniez davantage, pour investir ensuite cet argent. En somme, que vous ajoutiez un sacrifice supplémentaire à ceux auxquels vous avez déjà consenti et auxquels vous consentez actuellement.

Et c’est un réel sacrifice que d’épargner. Lisez ces blogs américains où leurs auteurs listent leurs astuces pour économiser et épargner davantage, qui vont des travaux manuels au fait de déménager dans une zone moins chère. Lisez ces articles où ils vous disent qu’ils enchaînent les heures supplémentaires pour augmenter leurs revenus, donc leur épargne. Lisez aussi notre article sur le « starve & stack », ce qui passe très bien en anglais mais une fois traduit donne « s’affamer pour empiler ».

Est-ce qu’il n’y a pas quelque chose qui cloche ?

Le bonheur de l’instant présent et de l’épargne

Lisez ces blogs américains et vous vous apercevrez à quel point leurs auteurs sont… heureux ! Car ce qu’ils s’imposent ce n’est rien d’autre que la vie qu’ils ont choisi. Mais, et c’est fondamental, ils épargnent mais n’arrêtent pas de vivre pour autant. Je ne compte pas ces posts dont l’auteur détaille ses dépenses et la variation de sa net worth, au milieu de photos de son dernier voyage en amoureux ou de son week-end entre amis.

La grande différence est qu’ils optimisent au maximum d’autres postes de dépense, ce qui leur permet d’avoir effectivement une grande capacité d’épargne, très supérieure à celle de leurs compatriotes. Au fil des années, cela leur permet de bâtir un capital impressionnant. Je prends un exemple parmi tant d’autres car c’est réellement un marqueur : la voiture. Ces bloggers qui portent haut l’esprit du FIRE se déplacent très souvent en transports en commun ou en vélo et pour ceux qui ont une voiture, l’ont acheté d’occasion après avoir conduit des recherches extensives pour minimiser son coût. C’est au passage un trait commun à tous les millionnaires étudiés par Stanley et Danko dans The Millionaire Next Door.

Il ne s’agit donc pas d’épargner pour épargner. Il s’agit d’épargner pour investir, pour que votre argent travaille pour vous. Il s’agit de faire travailler votre argent plus dur que vous, grâce aux intérêts composés et à des investissements sur de longues périodes de temps. Car notre objectif est bien de vous rendre votre temps et de vous permettre de l’utiliser comme bon vous semble.

Suivre le chemin de la liberté financière doit vous rendre heureux et ne pas être un sacrifice supplémentaire. Si cela ne vous fait pas plaisir, c’est qu’il y a un problème sur la définition de vos objectifs ou sur votre plan, c’est-à-dire les efforts auxquels vous consentez pour atteindre vos objectifs. Posez-vous immédiatement, dès ce soir, pour corriger le tir. Car c’est un chemin qui doit vous libérer et non vous asservir.

En somme, ne faites pas l’erreur que l’on vous pousse à faire ou celle que nous autres étudiants nous apprêtions à faire : vivez et épargnez chaque jour, mais ne sacrifiez pas votre présent pour un hypothétique futur.

 

 


Photo by Robson Hatsukami Morgan on Unsplash

 

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