Grâce à leurs frais réduits et leur diversification, les ETF sont irremplaçables dans les portefeuilles d’investissement ! Mais encore faut-il savoir bien les choisir… Lorsque j’ai voulu choisir mon premier ETF, je me suis retrouvé devant trois trackers au nom similaire, avec chacun plein de caractéristiques auxquelles je ne comprenais rien !
J’ai donc décidé de rédiger le guide que j’aurais aimé avoir au tout début.
Je vous détaillerai aujourd’hui les 10 critères à retenir pour acheter vos premiers ETF en toute sérénité et vous constituer un portefeuille à votre image.
Et pour les plus pressés d’entre vous, voici une infographie de tous nos conseils condensés. Pour les autres, commençons !
- 1. Compatibilité avec le PEA
- 2. Type de l’actif sous-jacent
- 3. Indice répliqué par l’ETF
- 4. Méthode de réplication (Physique ou Synthétique).
- A quoi servent les ETF synthétiques ?
- 5. Âge de l’ETF, volume de l’encours et liquidité.
- 6. Frais de gestion
- 7. Performance (tracking difference et tracking error)
- 8. Politique de distribution des bénéfices : capitalisation ou distribution.
- 9. Devise de l’ETF
- 10. Domiciliation fiscale de l’ETF
- Le scénario de M. Toulemonde
- Le scénario idéal pour un MoneyDoctor
- J’ai tout lu ! Et ensuite ?
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1. Compatibilité avec le PEA
Le PEA et l’assurance-vie sont deux excellentes enveloppes fiscales. Néanmoins, l’investisseur à long terme préfèrera d’abord maximiser son PEA avant de passer à l’assurance-vie, car ce dernier coûte généralement moins cher en frais sur le long terme !
En effet, les (bons) PEA ne facturent pas de frais de gestion mais uniquement des frais de courtage payés une seule fois lors de l’exécution de vos ordres. Tandis que même les meilleures assurances-vie facturent des frais de gestion récurrents.
Bien entendu, on préférera donc effectuer un minimum de transactions sur un PEA pour éviter les frais de courtage à chaque opération.
Pour bien visualiser le bénéfice, voici une petite comparaison entre le PEA BourseDirect et l’AV Linxea Spirit, qui sont tous deux excellents. On prend comme hypothèse des versements de 1000€ en début d’année et une croissance de 5% nette.
Bien sûr, d’autres critères entrent en compte dans l’arbitrage PEA ou Assurance-vie. Mais on retiendra que le PEA est généralement moins coûteux 🙂 !
Pour trouver des ETFs éligibles au PEA, je vous conseille Justetf.com ou encore Trackinsight
2. Type de l’actif sous-jacent
On peut répliquer la performance de tout et de n’importe quoi sur les marchés financiers. Entre des obligations de puissances mondiales à 25 ans d’échéance et les actions de petites entreprises turques, il y a tout un monde !
L’important est de comprendre et d’accepter les rentabilité et volatilité associées aux classes d’actifs sur laquelle nous voulons investir.
Je m’explique : Si l’on souhaite investir en ETF, mais qu’on est globalement réfractaire au risque, on se dirigera vers de l’immobilier, ou des obligations. Mais si au contraire on préfère viser les 15% de rendement quitte à tout perdre, l’horizon devient beaucoup plus large… (Il y a toujours plus de manières de perdre son argent 😉 )
Jetons par exemple un coup d’oeil à ce résumé d’une étude de l’IEIF (Institut de l’Epargne Immobilière et Foncière) riche en enseignements. Par exemple, voici une comparaison du couple performance/volatilité sur 30 ans entre 1988 et 2018
Ce graphique montre par exemple que les actions sont fortement volatiles, mais montrent également une forte croissance moyenne sur la période. Les obligations affichent quant à elles une performance deux fois moins fortes, mais sont aussi 4 fois moins volatiles.
Regardons à présent le même graphique mais cette fois sur 15 ans entre 2003 et 2018
On remarque que les tendances sont les mêmes, l’inflation grignotant de plus en plus la performance des actifs les moins risqués.
Ces graphiques sont certes instructifs, mais attention à ne pas trop extrapoler. Ces derniers nous donnent seulement des moyennes qu’il convient de nuancer selon la tendance économique, la zone géographique (ici exclusivement la France), et surtout les références retenues pour l’étude ! Voici d’ailleurs la liste des références si vous souhaitez les étudier personnellement :
Alors, quels sont les enseignements à retenir pour ce second critère ? Facile :
Renseignez-vous sur la volatilité de l’actif sous-jacent avant d’investir dans un ETF !
3. Indice répliqué par l’ETF
Si vous avez déjà cherché des ETF, vous avez peut-être remarqué que leur nom suit une construction particulière. Si ça vous a échappé, voici la structure habituelle (justetf.com) :
Nous avons, dans l’ordre :
- L’émetteur de l’ETF (sur lequel nous reviendrons plus tard)
- L’indice répliqué par l’ETF
- Des informations sur la directive réglementaire applicable à l’ETF (S’il y en a)
- Et des détails supplémentaires, notamment la politique de traitement des dividendes (Distribution ou Capitalisation), une éventuelle couverture de change, un effet de levier, etc.
Pour l’heure, on se concentrera sur le choix de l’indice répliqué par l’ETF. La question à se poser est : Sur quel marché je souhaite investir ?
Pour répondre à cela, voici quelques questions à vous poser pour trouver l’indice idéal :
- Est-ce que je souhaite suivre la performance des pays développés ? Des pays émergents ? Un mix des deux ?
- Quelle zone géographique je souhaite cibler ? Etats-Unis ? Europe ? Royaume-Uni ? Japon ? Moyen-Orient ? etc.
- Quel secteur je souhaite cibler ? Tous ? Pharmacie ? Industrie lourde ? Technologie ? etc.
Une fois nos réponses en main, on ira chercher l’indice correspondant dans cette liste qui englobe les indices boursiers populaires de chaque pays.
Si vous ne trouvez pas tout de suite votre bonheur, pas de panique ! Plusieurs entreprises sont spécialisées dans la définition d’indices boursiers et auront quasi-certainement l’indice que vous recherchez. Marketwatch maintient une liste très fournie de ces derniers. Évidemment, ces indices ne concernent que les entreprises côtées en bourse 🙂
Voici en un clin d’oeil les indices les plus populaires :
Zone | Nom de l’indice | Taille d’entreprise | Secteur |
France | CAC 40 | Grande | Multisectoriel |
Royaume-Uni | FTSE ALL | Toutes | Multisectoriel |
Royaume-Uni | FTSE 100 | Grande | Multisectoriel |
Allemagne | DAX | Grande | Multisectoriel |
Etats-Unis | S&P 500 | Grande | Multisectoriel |
Etats-Unis | NASDAQ 100 | Grande | Non-financier |
Etats-Unis | Dow Jones | Grande | Multisectoriel |
Etats-Unis | Russell 2000 | Moyenne/Petite | Multisectoriel |
Turquie | BIST 100 | Grande | Multisectoriel |
Japon | Nikkei 225 | Grande | Multisectoriel |
Japon | Topix | Grande | Multisectoriel |
Comme on vise toujours plus de diversification (géographique et taille d’entreprises), on préférera des indices multi-pays, multi-capitalisations et multisecteurs ! Voici mes préférés !
Monde | MSCI World Index | FTSE All-World Index | Russell Global Index | S&P Global 1200 Index |
Europe | Euro Stoxx 50 Index | FTSE Euro 100 Index | S&P Europe 350 Index | STOXX Europe 600 |
Asie | S&P Asia 50 Index | Dow Jones Asian Titan 50 Index | FTSE ASEAN 40 Index | |
Amérique | S&P Latin America 40 | MSCI Emerging Markets Latin America Index | ||
Afrique | S&P All Africa | S&P Africa 40 | MSCI Emerging Frontier Markets Africa |
4. Méthode de réplication (Physique ou Synthétique).
Tout comme la Guerre des deux roses, les ETF sont divisés en deux camps : ceux de réplication physique, et ceux de réplication synthétique. Et leurs partisans se livrent une guerre idéologique sans merci !
Si vous n’êtes pas à jour des définitions, voici un rappel en 2 lignes :
ETF Physique : l’ETF est composé des mêmes actions que l’indice qu’il réplique, avec la même proportion. C’est l’option simple, directe, sans froufrou.
ETF Synthétique : la composition de l’ETF n’est pas similaire à l’indice qu’il réplique. Donc, les variations de prix de l’ETF ne suivent pas spontanément l’indice. Les gestionnaires de l’ETF concluent un contrat avec une banque d’investissement qui, elle, détient les actions qui composent l’indice à répliquer. La banque et les gestionnaire de l’ETF acceptent d’échanger l’intégralité des résultats de leurs actions respectives (à la hausse comme à la baisse), ce qui permet à l’ETF d’effectivement répliquer l’indice souhaité.
A quoi servent les ETF synthétiques ?
Vous vous dites peut-être que les ETF synthétiques sont là pour nous compliquer la vie, en rajoutant de la complexité inutile. Mais que nenni ! (Oui, cette expression reste valable en 2019)
Dans un contexte Français, les ETF synthétiques sont extrêmement utiles, et servent notamment à contourner les limitations géographiques d’un PEA. Je vous explique.
Le PEA, une des meilleures enveloppes fiscales pour les particuliers, restreint les titres financiers qu’on peut y placer. Les titres doivent être ceux de sociétés françaises, européennes (+ Islande et Norvège) ou ayant leurs sièges dans l’UE.
Cette restriction devient rapidement problématique quand, comme tout MoneyDoctor averti, on souhaite diversifier ses placements. Et c’est là que les ETF synthétiques interviennent !
Votre fournisseur d’ETF détiendra des titres européens, tandis que sa banque détiendra les titres de sociétés étrangères, rendant ainsi éligibles l’ETF au PEA. On peut alors diversifier sereinement son portefeuille hors europe tout en bénéficiant des avantages fiscaux du PEA.
Pourquoi tant de
Mais alors pourquoi y a t-il conflit si les ETF synthétiques sont si bénéfiques ? Voici les 2 principales raisons :
- Risque de défaut de la banque d’investissement : À l’opposé de l’ETF physique, dont la pérennité est clairement rattaché à la performance des actions qu’il contient, les ETF synthétiques sont constamment sous le risque que la banque d’investissement (qui détient les actions) fasse défaut et rende l’ETF synthétique sans valeur. La directive européenne UCITS limite cependant le risque de défaut à 10% de la valeur de l’ETF.
- Illisibilité des sous-jacents d’ETF synthétiques: On peut aisément déduire la composition d’un ETF synthétique à partir de l’indice qu’il suit, mais le cas des ETF synthétiques est plus compliqué. Notamment si ce dernier contient des produits structurés, qui ne sont limités que par l’imagination des banquiers…
Nous assistons donc à un combat de principes, entre un côté qui dénonce l’accroissement du pouvoir des banques sur les ETF, et un second qui construit sereinement sa stratégie en prenant le “Too Big To Fail” comme une vérité générale.
Personnellement, j’admets que les ETF physiques sont plus sains, mais j’utilise tout de même plusieurs ETF synthétiques à des fins de diversification 🙂 !
5. Âge de l’ETF, volume de l’encours et liquidité.
On va faire très simple dans ce critère ! Plus le chiffre/nombre est élevé, mieux c’est !
Voici pourquoi :
- Âge : plus un ETF a d’années d’historique sous la ceinture, plus vous pourrez comparer sa performance de réplication ! Et plus il a de chance de continuer à exister, ce qui nous amène à
- Encours : plus l’encours d’un ETF est élevé (pensez à plus de 100 millions d’€), moindre sont les chances de le voir disparaître du jour au lendemain. Et ça n’arrive pas qu’aux autres.. Malheureusement (et logiquement), les ETF très spécifiques ont généralement un plus faible encours. Soyez donc conscients de leur caractère instable avant d’investir !
- Liquidité : la liquidité détermine la facilité avec laquelle vous pouvez acheter/revendre votre ETF. Si vous adoptez une stratégie d’investissement passive, vous ne ferez sûrement pas de trading chaque jour. Mais il est toujours pertinent de s’intéresser à la liquidité d’un ETF avant d’investir. Voici ce qui peut affecter la liquidité d’un ETF :
- La liquidité des actifs sous-jacents (Liquidiception);
- L’encours de l’ETF;
- Volume de trading quotidien;
- Nombre de market makers (plus il y a d’entités influentes qui échangent l’ETF, moins il y a de risques de monopolisation),
- Et comme toujours, la dynamique du marché.
6. Frais de gestion
Attention, critère EXTRÊMEMENT IMPORTANT ! Dans une stratégie de long terme, les frais de gestion peuvent engendrer des différences de performance de dizaines de milliers d’euros ! Et je n’exagère même pas ! Ça mérite même plusieurs points d’exclamation !!!!!!!!
Voici une rapide comparaison entre la performance d’un même ETF à 0.5% de frais annuels et 1% de frais annuels (avec une croissance de 4%/an) :
Vous voyez le tout petit écart entre les deux courbes à l’année 20 ? E bien il représente 18 367,76 €. Vous diriez non à 18 367.76€ ? Moi non plus.
Il n’y a vraiment pas de quoi s’attarder sur la question. L’idéal est d’avoir le moins de frais de gestion possibles.
Mais attention ! Je parle ici des frais de gestion appliqués par le gestionnaire de l’ETF. Ils sont toujours renseignés sur la page de l’ETF:
Le TER (Total Expense Ratio) représente tout ce qu’il vous en coûtera d’acheter cet ETF, chaque année. Mais il ne prend pas en compte les frais de l’enveloppe fiscale via laquelle vous achetez l’ETF ! Notamment les frais annuels de votre assurance-vie, les frais d’opération de votre PEA, etc.
Pensez donc bien à prendre en compte ces frais annexes à l’ETF avant d’investir !
7. Performance (tracking difference et tracking error)
Investir dans un ETF ne signifie pas automatiquement s’enrichir avec le temps. C’est ce que l’on espère, mais l’ETF ne nous fait pas de promesses intenables. La promesse de l’ETF, c’est qu’il essaiera de répliquer aussi fidèlement que possible la performance d’un indice, et rien de plus !
Bien sûr, il y a toujours une légère différence entre la performance d’un indice et celle d’un ETF qui réplique cet indice, cette différence est appelée “Tracking difference”. Plus la Tracking difference est proche de 0, plus on aura confiance en la capacité de l’ETF à répliquer correctement un indice !
Cette information est généralement nichée dans l’onglet “Performance” de votre comparateur d’ETF préféré. Voici un exemple sur Trackinsight :
La Tracking Error, quant à elle, mesure la la variabilité entre la performance quotidienne de l’ETF et celle de l’indice qu’il réplique. Plus les performances quotidiennes d’un ETF sont proches de son indice, moindre sera la Tracking error (et c’est ce qu’on veut !)
8. Politique de distribution des bénéfices : capitalisation ou distribution.
Abordons à présent un autre critère capital : la politique de distribution des bénéfices.Ce critère détermine l’avenir des bénéfices (éventuels) réalisés en fin d’année.
Un ETF dit “capitalisant” va réinvestir vos bénéfices dans l’achat de parts supplémentaires de ce même ETF. Les ETF capitalisants portent la mention “Acc” pour accumulation, ou “C” pour capitalisant.
Par exemple, si vous avez une part d’ETF qui vaut 100€, et que votre bénéfice en fin d’année est de 10€. Vos 10€ de bénéfices seront automatiquement réinvestis dans l’ETF. Vous posséderez donc 1,1 part de votre ETF.
Un ETF dit “distribuant” va vous verser vos bénéfices en euros. Vous pourrez alors en disposer librement (après paiement d’impôts, bien sûr 😉 ). Les ETF distribuants portent la mention “Dist” pour distribution, ou “D” pour… distribution aussi.
Au début de votre quête de liberté financière, mieux vaut opter pour des ETF capitalisants qui se chargeront d’accroître vos participations sans que vous n’ayez à lever le pouce.
Si tout se passe bien et que vous parvenez à devenir rentier grâce à vos ETF, vous pourrez éventuellement basculer vers des ETF distribuants, voire garder vos ETF capitalisants et vendre ponctuellement des parts d’ETF.
Pour le moment, je suis à 100% sur du capitalisant 🙂 !
9. Devise de l’ETF
Diversifier ses placements signifie s’exposer à des marchés étrangers, ce qui nous place à la merci des variations de devises. Et ces dernières peuvent très sérieusement entamer la rentabilité de votre investissement 🙁 voici un exemple :
Imaginons que l’on possède un ETF dénominé en €, qui réplique un indice américain dénominé en $. Imaginons ensuite que le dollar américain se déprécie de 5% par rapport à l’euro.
Toutes choses étant égales par ailleurs (j’adore cette phrase), vos titres financiers perdent 5% de leur valeur de pouvoir d’achat une fois convertis en euro.
Bien sûr, l’effet peut aussi être inverse : si votre monnaie locale se déprécie par rapport à la monnaie de votre indice, vous récupérez la différence !
Si toutefois vous n’avez pas envie les fluctuation du Forex, il existe une solution : les trackers couverts en risque de change (ou Hedged ETFs). En contrepartie de frais de gestion plus élevés, ces derniers vous garantissent un impact nul des variations de devises sur la performance de l’ETF. Pensez-y !
10. Domiciliation fiscale de l’ETF
Les sites de finance personnelle en parlent peu, et pourtant la domiciliation fiscale des ETF peut affecter sensiblement leur performance.
Selon le pays où les gestionnaire d’ETF auront acheté les actions ou titres qui composent ce dernier, ils paieront un impôt sur le revenu en cas de bénéfice. Logique n’est-ce pas ? Vous payez également un impôt sur le revenu à chaque fin d’année 🙂 .
Cet impôt est prélevé auprès des gestionnaires d’ETF, vous n’en verrez donc jamais la couleur. Nous l’appellerons donc un impôt retenu à la source. Voici comment il affecte votre rentabilité :
Le scénario de M. Toulemonde
- Vous achetez un ETF domicilié au Maroc et composé exclusivement d’actions américaines (Imaginez, d’accord ?).
- A la fin de l”année, l’ETF a réalisé une performance de + 9%.
- Toc toc, c’est l’impôt à la source : le fisc américain applique une retenue de 30% sur les bénéfices réalisés par le fonds. La performance baisse à 6%
- Les gestionnaires d’ETF retiennent ensuite leurs frais de gestion annuels de 0.5%. La performance baisse à 5.5%.
- Les gestionnaires vous versent 5.5% comme bénéfice. Vous payez la Flat Tax dessus (30%) et repartez avec 3.6% de bénéfices.
3.6%, c’est déjà très bien ! Mais on aurait pu avoir mieux…
Le scénario idéal pour un MoneyDoctor
Prenons un scénario légèrement différent. Cette fois vous :
- Achetez un ETF domicilié en France et composé exclusivement d’actions françaises.
- A la fin de l”année, l’ETF a réalisé une performance de + 9%.
- Personne ne vient toquer à la porte car un ETF qui achète des actions d’entreprises domiciliées dans le même pays ne paie généralement pas d’impôt à la source ! La performance est toujours de +9 %.
- Les gestionnaires d’ETF retiennent ensuite leurs frais de gestion annuels de 0.5%. La performance baisse à 8.5%.
- Les gestionnaires vous versent 8.5% comme bénéfice. Vous payez la Flat Tax dessus (30%) et repartez avec 5.6% de bénéfices.
Et hop ! Nous venons d’économiser 2% qui seraient bêtement partis aux impôts américains !
Je précise que c’est un scénario fictif pour illustrer la notion de domiciliation fiscale et son impact sur la performance. La réalité est bien plus compliquée :
- Certains pays disposent de conventions bilatérales qui annulent les impôts retenus à la source.
- D’autres appliquent une retenue à la source modulable en fonction que vous passiez par un ETF (notre cas) ou achetiez des actions en vif.
- Et enfin il y a ceux qui appliquent des règles spécifiques et… indescriptibles si l’on ne connaît pas la fiscalité locale. Je suis tombé pendant mes recherches sur un site suisse qui conseillait aux investisseurs suisses d’acheter des ETF irlandais et luxembourgeois, sauf s’ils contiennent des actions suisses …
Comme je vous l’ai dit, ce sujet est très peu discuté car il concerne une taxe “cachée” qui n’apparaît jamais aux yeux de l’investisseur en ETF moyen. Cela a beaucoup compliqué mes recherches, je suis heureusement tombé sur cet article récent de l’épargnant 3.0 qui m’a permis de trouver ce document. Ce dernier détaille aux pages 57 et 58 les retenues appliquées par chaque pays. Voici un extrait de l’édition 2019 :
Conclusion pour ce critère ? Essayez d’investir dans des ETF domiciliés au même endroit que la majorité des actions qui composent leur portfolio ! Vous pouvez avoir la composition de chaque ETF sur le site de son émetteur, ou via des sites spécialisés mais généralement moins à jour.
J’ai tout lu ! Et ensuite ?
Ensuite, c’est à vous de jouer ! Allez sur justetf.com, trackinsight.com, ou votre site préféré, et déroulez les points que vous venez de lire : avez-vous envie de placer cet ETF dans un PEA ? Préférez-vous des actions risquées ou des obligations garanties ? Quelle partie du monde visez-vous ? Quelle industrie ciblez-vous ? etc.
En répondant à chacune de ces questions, j’espère que vous atteindrez l’ETF idéal pour votre situation !
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Fan de technologie (Data Science, Blockchain, Tangle, Cybersécurité) et de finance personnelle, j’ai trouvé cette combinaison parfaite en crypto. Je navigue les marchés à grand renforts d’atay !
Comments 6
Super article, bien expliqué et très instructif. Merci money doctor ^^
Author
Avec plaisir !
Bonjour Benoit, merci pour cette explication, je comprends enfin pourquoi les ETFs éligibles au PEA sont synthétiques! Il y a quelques mois, cet article a fait le buzz – en particulier à propos des ETFs synthéytiques. Qu’en pensez-vous? https://www.mrmoneymustache.com/2019/09/12/michael-burry-index-funds/
Bonjour Caroline, je transmets vos remerciements à Mounir 😉
Effectivement, cette interview de Michael Burry a fait le buzz à cause de cette phrase au sujet d’une supposée bulle sur les ETF. J’avais à ce moment écrit un article à ce sujet (https://money-doctor.fr/fait-on-face-a-une-bulle-des-etf/). En résumé, je ne prétends pas avoir l’expertise de Michael Burry mais je ne pense pas qu’on fasse face à une bulle puisqu’un tel phénomène se caractérise par une décorrélation entre la valeur de marché et la valeur intrinsèque d’un actif (comme pour l’immobilier aux États-Unis au moment de la crise de 2008). L’afflux d’épargne vers les ETF peut alimenter une bulle sur les actifs sous-jacents, donc principalement les actions (mais à mon humble avis les politiques des banques centrales sont bien plus responsables de cela que les ETF). Donc je ne crois pas qu’il y ait une bulle sur les ETF. Cela posé, comme Mounir le souligne dans son article d’ailleurs, vérifiez bien la liquidité de l’ETF (point n°5) avant d’investir.
Bonjour Mounir et merci pour cet article très clair.
J’ai longtemps recherché un premier ETF selon les 10 critères que tu recommandes (et j’en ai pas trouvé des dizaines !).
Ma question porte sur la domiciliation du fonds et l’imposition liée : doit-on préférer un fond basé au Luxembourg avec frais de 0.38% (LU1681043599) à un fonds en France avec 0.45% (FR0011869353) ?
Merci pour tes lumières,
Charly
Author
Bonjour Charly, ravi que l’article t’ait plu !
Ces deux fonds étant capitalisants, et ne distribuant donc pas de dividendes, tu n’as pas à t’embarrasser des calculs annuels de retenue à la source qui peuvent vite devenir compliqués.
D’après ma compréhension (d’amateur) de la nouvelle convention traitant des double impositions France/Luxembourg, l’imposition pratiquée par le Luxembourg sur les bénéfices reçus par un résident Français donnent lieu à une déduction égale de l’IR Français, rendant son impact nul. Voici un article expliquant les grandes lignes de la convention.
En conclusion, sur le critère strict de la domiciliation fiscale, ces deux ETFs se valent 🙂 J’avoue avoir une préférence pour celui avec le plus d’encours..
En espérant t’avoir aidé !
Mounir