Everybody on FIRE : l’indépendance financière pour tous ?

Est-il vraiment possible pour tout le monde d’atteindre l’indépendance financière ?

 

Nous avons débuté ce site pour vous aider à y voir plus clair dans vos finances et dans la gestion de votre patrimoine, mais aussi pour vous permettre de devenir financièrement indépendant. Si toutefois tel est votre objectif. Mais lorsque nous parlons d’indépendance financière autour de nous, nous entendons souvent la même rengaine : « C’est impossible, ce n’est vraiment pas pour moi. Il faut être riche pour pouvoir être financièrement indépendant. Ça ne concerne qu’une minorité de la population. »

Nous rejoignons la dernière partie de ces remarques sur le fait que l’indépendance financière ne concerne qu’une minorité de la population. Mais est-ce une fatalité ? Nous voulons aujourd’hui nous pencher sur cette question, afin de savoir si nous pourrions tous devenir financièrement indépendant.

 

Nous n’avons pas tous besoin d’être millionnaires pour être financièrement indépendants

Il s’agit là d’un point très important. Je le répète : pas besoin d’être millionnaire pour être financièrement indépendant. La règle est qu’il faut disposer d’un capital égal à 25 fois le montant annuel de ses dépenses. Donc un capital d’un million d’euros a pour but de supporter un niveau de vie comprenant des dépenses annuelles d’une valeur de 40 000 €. Or, il est évident que toutes les familles ne dépensent pas 40 000 € chaque année en France.

On pense souvent que le fait de dépenser peu est une question de moyens. Mais c’est oublier la stratégie la plus agressive du FIRE : l’early-retirement extreme, qui suppose une extrême frugalité. Nous reviendrons bientôt plus en détail sur cela, mais en un mot cette stratégie suppose de vivre très en-dessous de ses moyens.Le but est d’accumuler le plus vite possible le capital permettant de devenir financièrement indépendant. Des couples font donc le choix de vivre très frugalement, afin de réduire le capital dont ils auront besoin pour soutenir leur style de vie, et devenir vite financièrement indépendant.

Les 10% des ménages les moins riches en France (D1, le premier décile) ont un revenu disponible brut de 14 000 euros d’après l’INSEE, et le taux d’épargne moyen des ménages s’établit à 14%. Si l’on suppose que le taux d’épargne des Français les moins riches est quasi-nul, ils ont alors besoin d’un capital de 14 000 € x 25 = 350 000 € pour être financièrement indépendants. Ce qui est donc très loin du million d’euros.

 

Génial, parce que c’est bien connu que le patrimoine moyen des Français est de 500 000 € !

 

Une petite simulation

Effectivement, avec un patrimoine de 350 000 euros, vous feriez partie des 20% des Français les plus riches. Est-ce possible d’atteindre ce niveau ?

Supposons que mon revenu disponible brut annuel soit de 10 000 €, donc 833 € par mois. Je fais alors partie des 10% des Français les moins riches, au regard de mes revenus. Imaginons que je commence à travailler à 20 ans et que je prenne ma retraite à 65 ans. Supposons également que sur toute cette période, mes revenus n’évoluent pas et que je ne connais aucune période de chômage non couverte par des indemnités. J’épargne chaque année 5% de mon revenu, soit 500 €, ce qui signifie 42 € par mois. Je les place sur des actifs mieux rémunérés que mon livret A dont le rendement moyen est de 2%. Qu’aurais-je au moment de prendre ma retraite ?

J’aurai donc épargné 23 000 €, mais je disposerai d’une épargne de près de 38 000 € grâce aux intérêts composés, qui me rapportera en moyenne 750 € par an, soit 63 € par mois. Bilan ?

Tous les efforts comptent

A priori c’est un échec pour l’indépendance financière. Je n’ai que 16% du capital qu’il me faudrait – celui-ci étant de 237 500 € (9 500 x 25). Mon épargne paraît bien faible, notamment au regard de l’intégralité de mes revenus : 460 000 € (10 000 € de revenus annuels sur 46 ans). Mais à y regarder de plus près, j’ai amélioré ma situation. Je suis resté toute ma vie dans le premier décile de revenus. Mais en termes de patrimoine, je suis passé du premier décile au quatrième (entre 34 000 et 94 000 € de patrimoine selon l’INSEE). Je dispose à présent d’un petit capital que je peux utiliser pour améliorer mon ordinaire quand je prendrai ma retraite ou bien transmettre à mes enfants.

 

N’y a-t-il donc aucun espoir pour les revenus modestes ?

Très sincèrement, je ne le pense pas. Un autre petit calcul pour vous le prouver.

Depuis 2010, lorsque l’INSEE mesure le patrimoine des ménages français, elle distingue les actifs que détiennent les ménages (y compris leur résidence principale) du « reste », c’est-à-dire des biens durables (voiture, équipement de la maison, etc.), bijoux, œuvres d’arts et autres objets de valeur. L’analyse de ces données souligne l’une des causes de l’accroissement des inégalités en France : les ménages les plus modestes (D1) ont un patrimoine qui est essentiellement constitué de leurs voitures et de l’équipement de leur maison.Cependant, les ménages les plus riches (D10) détiennent de nombreux actifs :

Composition patrimoine riches

Ce graphique fait écho à notre article sur la composition du patrimoine des plus riches de ce monde.

Le rapport entre les patrimoines bruts de D1 et D10 et leur composition est également révélateur :
Rapport entre patrimoine D1 D10 indépendance financière

Une différence flagrante qui explique l’écart de propension à épargner

Je pense que vous avez à présent compris où je veux en venir. Pour 1 € que possèdent les ménages les plus modestes en biens durables, les ménages les plus riches en possèdent 37. Mais pour 1 € que les premiers détiennent en actifs, les plus aisés en détiennent 5 423. Les ménages les plus modestes ont donc une propension à consommer extrêmement importante.

Du reste, cela est connu depuis longtemps en économie où on dit que les ménages les plus pauvres sont ceux ayant la propension marginale à consommer la plus élevée. En d’autres termes, si l’État leur donne 1 000 €, ils vont tout dépenser, quand les plus riches l’épargneront intégralement ; de leur côté les classes moyennes vont en consommer une partie et épargner l’autre.

Les ménages les plus modestes ont donc, au moins sur le papier, une marge de manœuvre financière qu’illustrent le montant et surtout la composition de leur patrimoine.

Intervention surprise de Mounir : Si la forte propension à consommer des ménages les moins fortunés est une réalité économique indéniable, il est toujours possible de se rapprocher de l’indépendance financière. D’ailleurs, les concepts de LeanFIRE/BaristaFIRE sont construits sur la base de revenus modestes. Ça mérite bien un article !

Image result for studio on air

Back to you in the studio, Benoit -Shutterstock

L’indépendance financière suppose des efforts budgétaires

Bref, revenons à nos moutons. Il est quasiment impossible de devenir indépendant financièrement sans quelques « sacrifices » destinés à augmenter son taux d’épargne, donc son capital. Cela ne peut s’accomplir qu’en vivant en-dessous de ses moyens une partie de sa vie d’adulte. Il n’y a pas de billet coupe-file. Vous n’avez presque aucune chance de gagner au loto, hériter ou encore vendre votre entreprise, et que cela vous permette de devenir financièrement indépendant. Lisez The Millionaire Next Door si vous n’êtes toujours pas convaincu.

Cela est valable également pour les ménages les plus modestes. La seule différence qu’ils peuvent faire est en vivant en-dessous de leurs moyens, même si ceux-ci leurs paraissent déjà trop faibles. Une petite histoire pour vous montrer que tout est possible.

L’exmple de la famille Economides

La famille Economides est connue aux États-Unis pour être la famille la plus économe du pays – oui c’est bien leur vrai nom. Steve et Annette ont réussi à élever leurs cinq enfants avec des revenus annuels moyens de 35 000 $. En termes de niveau de vie, cela les plaçait à la limite du seuil de pauvreté monétaire (en divisant le revenu par le nombre de membres de la famille).

Dès leur mariage en 1982, ils se sont promis de toujours vivre en-dessous de leurs moyens. Et c’est ce qu’ils ont fait. Cela leur a donc permis d’élever leurs enfants, d’épargner 15% en moyenne du salaire de Steve (Annette étant femme au foyer), d’acheter une maison, puis une autre, de payer cash leurs voitures et de partir en vacances. Le tout avec un budget alimentation de 350 $ par semaine.

Bien entendu, cela suppose de budgéter absolument tout sans jamais dépasser.

De l’importance de bien choisir ses placements

Si je reprends l’exemple où je gagnais 10 000 € par an, et qu’à présent j’économise 15% de mes revenus, comme les Economides, et les place encore mieux, la valeur des placements explose. À 3,5%, je termine à 65 ans avec 170 000 € (3,5% étant proche du rendement moyen de l’assurance-vie depuis 2000, mais en-deçà). Si je monte à 5%, mon capital augmente à 265 000 €. Et si je culmine à 7%, mon épargne vaut presque 500 000 €. De quoi être financièrement indépendant quelques années auparavant.

Ces rendements paraissent absurdes aujourd’hui car notre mémoire est courte et ne se souvient que des taux actuels, qui sont bas. Mais dans la première moitié des années 1980, le taux du livret A était supérieur à 6,5%. Bien sûr, l’inflation était plus élevée qu’aujourd’hui. Car en fin de compte, ce qui importe est le rendement net, une fois enlevés les frais de gestion, impôts et l’inflation. Avec une inflation presque inexistante aujourd’hui, nul besoin de rendements mirobolants pour maintenir et accroître son pouvoir d’achat.

 

Cet article était plus long que ce que je pensais, avec un grand recours aux exemples chiffrés qui n’était pas tout à fait prévu ! J’espère néanmoins ne pas vous avoir assommé de projections et petites histoires. Retenez bien pour conclure que quel que soit votre niveau de vie, l’indépendance financière nécessitera des efforts de votre part, et plus particulièrement une réduction de vos dépenses et une augmentation de votre épargne. Bien investie, cette épargne peut ensuite faire la différence. Même pour les revenus les plus modestes.

L’espoir est toujours là – photo de Nong Vang

 

Photo de vignette par engin akyurt

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *