Avenuedesinvestisseurs avenue des investisseurs Nicolas DECAUDAIN Ludovic CHAPUT

Interview des fondateurs d’Avenuedesinvestisseurs.fr !

Aujourd’hui, Money Doctor accueille les fondateurs du site Avenuedesinvestisseurs.fr pour une interview centrĂ©e sur la finance personnelle !

Avenuedesinvestisseurs.fr

Si vous ne le connaissez pas dĂ©jĂ , Avenuedesinvestisseurs.fr est une rĂ©fĂ©rence française sur la finance personnelle. Je suis personnellement lecteur assidu de leurs articles, mon prĂ©fĂ©rĂ© Ă©tant celui sur le dilemme Achat/Location, qui n’adhĂšre pas par dĂ©faut au culte de la pierre et propose une rĂ©elle comparaison.

En tous cas j’espĂšre que cette interview vous donnera envie de visiter leur site, et de vous lancer dans la quĂȘte Ă  l’indĂ©pendance financiĂšre !

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MD : Pour commencer, pouvez-vous vous présenter et nous décrire vos parcours respectifs ?

Ludovic : Je suis scientifique de formation et je travaille dans la recherche en pharmacochimie depuis une dizaine d’annĂ©es. En parallĂšle, cela fait environ 20 ans que je suis passionnĂ© par l’investissement et plus spĂ©cifiquement encore les marchĂ©s actions. Un jour, j’ai dĂ©cidĂ© de partager mes connaissances au plus grand nombre. C’est la raison pour laquelle j’ai dĂ©cidĂ© de lancer le site AvenueDesInvestisseurs.fr.

Nicolas : Je travaille dans la finance depuis une quinzaine d’annĂ©es et je suis trĂšs sensible Ă  l’éducation financiĂšre. Depuis une dizaine d’annĂ©es j’interviens sur un forum d’épargnants et Avenue des investisseurs a Ă©tĂ© l’opportunitĂ© d’aller encore plus loin en crĂ©ant un vĂ©ritable guide pĂ©dagogique pour tous les Ă©pargnants, quels que soient leurs revenus et leurs projets.

 

MD : Devrait-on nous apprendre Ă  gĂ©rer nos finances Ă  l’école ? À la fac ? Si oui, sous quelle forme ?

Ludovic : Clairement, je pense que l’économie devrait occuper une plus grande place dans les programmes scolaires. PrĂ©fĂ©rentiellement au lycĂ©e oĂč les Ă©lĂšves ont la maturitĂ© suffisante pour comprendre les concepts clefs du fonctionnement du systĂšme Ă©conomique. Les cours devraient tout autant porter sur la macro-Ă©conomie, la micro-Ă©conomie, ainsi que la gestion des finances personnelles avec de la pratique. Cela Ă©viterait certainement beaucoup de cas de surendettement, et permettrait une meilleure comprĂ©hension des solutions d’investissement en gĂ©nĂ©ral.

Les Français investissent mal leur argent et ne font pas assez jouer la concurrence entre les diffĂ©rents acteurs de l’épargne pour investir leur argent. Nous voyons souvent arriver sur notre site internet des gens mal informĂ©s. Par exemple, ils nous contactent par mail et nous expliquent regretter l’ouverture rĂ©cente d’un contrat d’assurance vie chargĂ© de frais alors que l’on trouve d’excellents contrats d’assurance vie sans frais sur versement tels que ceux que nous prĂ©sentons sur AvenueDesInvestisseurs.fr. Ou ceux qui ont investi dans l’immobilier sans optimiser fiscalement, en choisissant un mauvais rĂ©gime. Aussi, nous connaissons tous dans notre entourage des gens disposant de sommes d’argent importantes qui dorment sur les comptes courants plutĂŽt que d’ĂȘtre investies, ces personnes passent Ă  cĂŽtĂ© de plusieurs centaines d’euros d’intĂ©rĂȘts par an. Quel dommage, alors que dans le mĂȘme temps ils doivent travailler des heures pour gagner autant en revenus du travail.

Nicolas : C’est selon moi indispensable, au moins l’annĂ©e du bac sur un tronc commun (derniĂšre annĂ©e avant que certains n’entrent dans la vie active), d’avoir une formation pratique en finance personnelle pour donner les fondamentaux aux futurs citoyens, consommateurs, Ă©pargnants et emprunteurs. Notre site sert justement Ă  pallier le manque d’éducation financiĂšre en France. On essaie Ă  notre modeste niveau d’inculquer les bases aux Français, du moins Ă  ceux qui s’y intĂ©ressent.

 

MD : Quelle est la pire erreur financiùre que vous ayez faite / pire investissement ? Qu’en avez vous appris ?

Ludovic : Il m’est arrivĂ© d’investir un pourcentage excessif de mon portefeuille en actions sur des entreprises dont le cours a connu une Ă©volution trĂšs nĂ©gative. Dans ces moments lĂ , on rĂ©alise qu’il est peut-ĂȘtre plus efficace d’investir en bourse via des trackers. C’est beaucoup plus ennuyeux et on ne peut prĂ©tendre au titre de successeur de Warren Buffett, mais c’est certainement le mode d’investissement le plus efficace. A fortiori quand on n’a pas Ă©normĂ©ment de temps et d’énergie pour analyser des rapports d’entreprise, en particulier aprĂšs une dure journĂ©e de travail.

Nicolas : AussitĂŽt entrĂ© dans la vie active il y a 15 ans, sans aucune Ă©ducation financiĂšre (“juste” une maitrise en finance, mais sans formation pratique Ă  la finance personnelle), j’ai fait une belle erreur financiĂšre. Comme mes parents me l’ont toujours dit, j’ai investi dans l’immobilier. J’ai achetĂ© au plus vite un appartement. Sauf que ce qu’ils ne m’avaient pas expliquĂ© (ils n’en savaient rien, Ă  part les poncifs), c’est qu’il faut acheter au bon endroit, au bon prix et avec le bon rĂ©gime fiscal. Je me suis retrouvĂ© avec un Robien dans une ville moyenne, toujours correctement louĂ©, mais Ă  un piĂštre rendement et finalement revendu en moins-value. DĂšs les premiĂšres semaines qui ont suivi l’achat j’ai compris mon erreur et c’est Ă  ce moment lĂ  que j’ai commencĂ© Ă  apprendre Ă  gĂ©rer mon argent convenablement. Ne pas s’arrĂȘter aux poncifs et aux discours des commerciaux, et toujours analyser, comparer et simuler sur Excel. Finalement, cette erreur fut trĂšs formatrice et j’ai fait plus que la rattraper. Depuis, j’ai eu Ă  coeur d’ĂȘtre pĂ©dagogue pour Ă©viter que d’autres fassent des erreurs et pour que chacun optimise ses investissements. Chacun mĂ©rite de bien placer pour vivre mieux : avec moins de stress et plus de revenus passifs.

 

MD : À l’heure oĂč l’investissement passif en ETF domine, pensez-vous qu’il est encore pertinent de recourir aux conseillers en gestion de patrimoine (CGP/CGPI) ?

Les ETF et les conseillers en gestion de patrimoine rĂ©pondent Ă  deux problĂ©matiques biens distinctes, ils ne sont d’ailleurs pas mutuellement exclusifs.

Les ETF sont des vĂ©hicules d’investissement permettant d’allouer une partie de son patrimoine vers les marchĂ©s actions. Nous pensons beaucoup de bien de ces produits. Les ETF ont des frais de gestion trĂšs faibles (0,15 %-0,50 %) et dĂ©livrent des performances supĂ©rieures Ă  bien des fonds de gestion active, auxquels ils constituent une excellente opportunitĂ©.

Les conseillers en gestion de patrimoine rĂ©pondent Ă  une problĂ©matique beaucoup plus englobante, ils ont pour mission de conseiller leurs clients pour les aider Ă  organiser leur patrimoine de façon optimale au regard de leurs projets financiers, mais aussi et surtout de leur projet de vie et de leur structure familiale. Dans le cadre de cette mission de conseil, le CGP peut d’ailleurs proposer Ă  son client d’allouer une partie de son patrimoine dans des ETF, c’est quelque chose d’assez courant dans les family offices.

MD : Que pensez-vous des investissements participatifs du genre Crowdfunding immobilier, Crowdlending, etc. ?

Le crowdfunding immobilier et le crowdlending offrent des rendements attractifs avec un couple risque/rendement nous semblant plutÎt intéressant. Ces produits constituent des solutions intéressantes pour diversifier un peu plus encore son patrimoine. En devenant créancier pour des sociétés qui portent des projets qui peuvent avoir un sens pour nous : promotion immobiliÚre, énergies renouvelables, etc.

NĂ©anmoins, il faut respecter de bonnes pratiques d’investissement. Je pense que ces produits ne devraient pas constituer une part importante du patrimoine, cela reste des investissements risquĂ©s. Il vaut mieux ĂȘtre sĂ©lectif et Ă©viter les projets de commerçants fragiles par exemple, alors qu’il y a des projets de sociĂ©tĂ©s plus solides. ConcrĂštement, il peut ĂȘtre intĂ©ressant d’y investir entre 2 et 8 % de son portefeuille financier. Heureusement, le ticket d’entrĂ©e est faible et on peut facilement diversifier sur plusieurs projets.

MD : Au vu des taux directeurs historiquement bas, pensez-vous que nous verrons une disparition des fonds Ă  garantie de capital, notamment les fonds euros ?

La situation est effectivement de plus en plus dĂ©licate. Les assureurs doivent sans cesse renouveler leurs portefeuilles d’obligations. Les anciennes obligations arrivant Ă  terme sont remplacĂ©s par des obligations dĂ©livrant des rendements trĂšs faibles (les États s’endettant Ă  des taux proches de zĂ©ro).

Une façon d’amĂ©liorer la performance des fonds euro serait de gĂ©nĂ©raliser l’introduction d’une part de placements risquĂ©s (actions et immobilier) dans ces fonds, c’est le principe des fonds euro dynamiques. Bien entendu, si l’on accroĂźt la part d’immobilier ou d’actions dans les fonds dynamiques, la garantie sur le capital investi ne pourrait plus ĂȘtre garantie. En pratique, on constate que les versements 100% vers les fonds euro ne sont plus permis par certains assureurs, obligeant de facto les Ă©pargnants Ă  allouer une partie de leur Ă©pargne vers des unitĂ©s de compte.

À terme, on peut imaginer que la performance moyenne des fonds euro nette de frais passe sous la barre des 1 %. Ce qui reste supĂ©rieur au rendement des autres placements sans risque, notamment les livrets. Auquel cas les Ă©pargnants n’auront d’autre choix que de se tourner vers l’immobilier ou les actions s’ils souhaitent valoriser leur patrimoine.

MD : Qu’est ce que la libertĂ© financiĂšre pour vous ? Qu’est ce que « ĂȘtre riche » pour vous ?

Ludovic : La notion de libertĂ© financiĂšre est un terme que l’on retrouve rĂ©guliĂšrement dans le langage des personnes souhaitant s’affranchir du salariat et gĂ©nĂ©rer des revenus soit par leur propre moyen (lancer un business, devenir freelance) ou par l’accession du statut de rentier. À vrai dire, la notion de libertĂ© financiĂšre ne m’évoque pas grand chose. Je pense qu’elle parle davantage aux personnes insatisfaites de leur vie professionnelle et/ou de leur niveau de rĂ©munĂ©ration, et souhaitant mener les actions nĂ©cessaires pour remĂ©dier Ă  cela.

Concernant la deuxiĂšme question, la notion de richesse est Ă©minemment personnelle et subjective. De façon trĂšs terre Ă  terre, je dirai qu’un individu est riche lorsqu’il a accĂšs Ă  l’ensemble des biens et services que l’on considĂšre rĂ©servĂ©s aux riches. ConcrĂštement, on est riche lorsque l’on peut tout Ă  la fois se loger dans un quartier prestigieux, avoir une belle voiture, se dĂ©placer Ă  travers le monde dans des hĂŽtels de grand standing, expĂ©rimenter les meilleurs restaurants, etc. Grosso modo, je pense que l’on entre dans le cercle des riches lorsque l’on dispose de revenus nets mensuels supĂ©rieurs Ă  20 000 euros pour une personne seule.

Nicolas : Selon moi, la richesse est patrimoniale. On est riche quand les revenus servis par notre patrimoine nous permettent de vivre comme on l’entend.

Quant Ă  la libertĂ© financiĂšre, Ă  savoir ne plus ĂȘtre obligĂ© de travailler pour vivre, c’est un concept qui monte en puissance en France mais dĂ©jĂ  connu depuis longtemps aux USA avec le mouvement FIRE (Financial Independence Retire Early). J’applique le frugalisme naturellement depuis toujours, je vis en-dessous de mes moyens sans avoir Ă  forcer. Le rĂ©sultat est que le patrimoine s’accumule mĂ©caniquement puisque tous les revenus ne sont pas dĂ©pensĂ©s. Et en plaçant bien cela permet de devenir plus ou moins rapidement libre financiĂšrement. Ensuite, quand on devient libre financiĂšrement, on devient libre de continuer de travailler ou non, et on peut s’orienter vers une activitĂ© qui nous plait vraiment, mĂȘme si non rĂ©munĂ©rĂ©e ou peu rĂ©munĂ©rĂ©e, je trouve cela sain.

 

MD : 73 % des Français ont peur de ne pas pouvoir maintenir leur niveau de vie à leur retraite mais seuls 8 % agissent (épargnent). Comment expliquer un tel décalage et que peut on faire (en tant que blogueurs notamment) pour aider à le résorber ?

Ludovic : Les Français ont raison d’avoir peur pour leur retraite. Lors de sa mis en place, le modĂšle de retraite par rĂ©partition n’avait pas pris en compte l’évolution de la dĂ©mographie et la hausse de l’espĂ©rance de vie. On se retrouve dans un systĂšme oĂč le nombre de retraitĂ©s en proportion du nombre d’actifs est de plus en plus important. Pour Ă©quilibrer le systĂšme, c’est mathĂ©matique, il faudra soit repousser l’ñge de dĂ©part Ă  la retraite, soit diminuer les pensions, soit augmenter les cotisations pesant sur les actifs. La derniĂšre option a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© jouĂ©e et renchĂ©rirait encore le coĂ»t du travail, ce qui ne semble pas une bonne piste si le pays veut rester compĂ©titif. Il faudra donc en passer par un recul de l’ñge de dĂ©part Ă  la retraite et/ou une baisse des pensions.

Les Français Ă©pargnent une part importante de leurs revenus (un peu moins de 15 %), c’est difficile de leur recommander d’épargner davantage encore pour la retraite. Par contre, en tant que blogueurs, nous avons un rĂŽle Ă  jouer pour Ă©clairer les Ă©pargnants sur les meilleures solutions pour investir leur argent Ă  long terme. Sur AvenueDesInvestisseurs, nous avons plusieurs articles dĂ©taillĂ©s sur l’allocation du capital, et les solutions telles que l’assurance vie, qui reste selon nous le produit de rĂ©fĂ©rence en raison de sa polyvalence et de ses avantages fiscaux. Nous prĂ©sentons aussi les avantages du plan d’épargne retraite (PER), quoique plus contraignant que l’assurance vie.

 

Nicolas : Nous avons un article dĂ©diĂ© qui explique comment prĂ©parer sa retraite avec l’immobilier et les investissements financiers. Pour crĂ©er un complĂ©ment de revenus. Malheureusement, on ne peut pas faire boire un Ăąne qui n’a pas soif. Il faut que les Français se prennent en main, aillent chercher l’information (c’est lĂ  qu’on intervient en tant que blogueur) et passent Ă  l’action (c’est du ressort de chacun, on ne peut pas forcer). L’Etat ne pourra pas tout faire Ă  leur place, ou alors il devra lancer un systĂšme de retraite obligatoire par capitalisation.


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Merci Ă  Ludovic et Nicolas pour leur temps et leurs rĂ©ponses intĂ©ressantes, qui dressent le mĂȘme constat que le nĂŽtre. Il est certain que l’Ă©ducation financiĂšre en France laisse grandement Ă  dĂ©sirer, et que les efforts Ă  fournir sur cette problĂ©matique sont considĂ©rables.

Heureusement, des initiatives telles que Avenuedesinvestisseurs.fr viennent rĂ©parer ces Ă©cueils en simplifiant l’apprentissage de la finance personnelle ! Je vous invite donc Ă  combiner leurs conseils avec ceux de Money Doctor pour vous rapprocher de l’indĂ©pendance financiĂšre 😉.

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