Qu’est-ce que la liberté financière ?

Qu’est-ce que la liberté financière ou indépendance financière et quelles sont les différentes formes qu’elle peut prendre ?

Le concept de liberté financière nous vient des États-Unis où il est connu sous l’acronyme de FIRE pour Financial Independence Retire Early. Ce mouvement est vraiment né avec la publication de Your Money or Your Life en 1992, écrit par Vicki Robin et Joe Dominguez. Si vous souhaitez emprunter la route vous menant vers l’indépendance financière, encore faut-il savoir ce dont il s’agit vraiment. C’est justement l’objet de cet article, qui vous expliquera également les différentes formes de liberté financière et les stratégies pour l’atteindre.

 

Qu’est-ce que la liberté financière ?

Un concept parfois flou

En règle générale, le concept de liberté financière est un peu flou car il a tendance à évoluer avec l’âge. Au début, l’indépendance financière est alors le fait d’avoir un peu d’argent de poche, puis un budget fixé par ses parents qu’on augmente en travaillant l’été pour se payer ses vacances.

Ensuite, une fois ses études terminées, son diplôme en poche et son CDI en vue, l’indépendance financière devient le salaire, qui permet de se payer des choses sans avoir à demander de l’argent à ses parents. Ou leur avis. Les années passant, la liberté financière devient ce sentiment de sécurité quand on sait que notre épargne nous permettra de tenir quelques mois si l’on se retrouve au chômage, ou de permettre à l’un de nous de quitter son emploi à plein temps pour s’occuper des enfants, sans modifier fondamentalement notre niveau de vie.

Puis l’indépendance financière se dissout mollement dans cette sensation de confort qu’apporte le fait d’être propriétaire de son appartement, d’avoir mis de côté plusieurs dizaines de milliers d’euros et de pouvoir à son tour aider ses enfants. Elle s’achève enfin quand on sait qu’à notre retraite, on ne sera pas un poids financier pour nos enfants.

Vous sentez que quelque chose ne tourne pas rond ? On y arrive ! Le problème avec cette vision de la liberté financière est qu’elle est en fait assez molle. On ne sait pas vraiment de quoi on est indépendant ou de qui, ni quand on le devient ou encore comment. Le mouvement FIRE nous propose une autre vision qui est celle qui nous intéresse.

Qu’est-ce que la liberté financière selon le mouvement du FIRE ?

La liberté financière est définie selon le FIRE comme le moment où l’on n’a plus besoin de travailler pour vivre. Il s’agit du moment où les revenus de vos placements dépassent vos dépenses. En clair, bien que je n’aime pas la connotation de ce terme, vous êtes rentier.

Cette définition a le mérite d’être claire et surtout de donner envie de passer à l’action pour l’atteindre ou s’en rapprocher. Cependant, elle a donné lieu à plusieurs aménagements. Depuis la publication de Your Money or Your Life en 1992 et suite au travail de Mr Money Mustache qui a popularisé le concept depuis son blog créé en 2011, des milliers de personnes ont décidé dans le monde entier de prendre la route de la liberté financière. Sauf qu’elles n’étaient pas toutes d’accord sur ce que cela voulait dire.

Le monde du FIRE est traversé par les débats et affrontements.

Les deux grands débats du FIRE

FIRE ou FIRO ?

Le premier débat a porté sur la nécessité ou non de prendre sa retraite. D’aucuns considèrent qu’on a atteint la liberté financière que si l’on prend sa retraite anticipée et ne travaille plus jamais de notre vie. Pour eux, être financièrement indépendant mais continuer de travailler n’a donc pas de sens.

Mais des voix se sont élevées qui dénonçaient cette idée de travailler très dur et d’épargner fortement pendant 20 ans pour ensuite tout arrêter soudainement. Faire cela n’était-il pas sacrifier les meilleures années de sa vie ? En outre, il n’est pas inconcevable qu’on aime son travail !

Cela a donné naissance au FIRO : Financial Independance, Retire Optional. La liberté financière vous donne alors le choix d’arrêter complètement de travailler ou de changer de travail ou encore de travailler à mi-temps. Ce n’est donc pas une obligation.

Chez Money Doctor, nous penchons bien plus pour le FIRO que le FIRE.

Vous avez dit frugalisme ?

Le second grand débat concerne le frugalisme. Il est évident qu’on ne peut épargner 30 ou 50 % de ses revenus sans une certaine frugalité. À l’heure d’Instagram et de la mise en scène de son style de vie, ou plutôt de sa consommation, prêcher le frugalisme pouvait surprendre. Si vous lisez des blogs écrits par des personnes en route vers le FIRE, vous verrez sans doute que l’un roule dans une voiture qui a 15 ans, que l’autre ne porte que des vêtements de seconde main, qu’ils ne vont ni au restaurant ni au cinéma, qu’ils se marient avec 10 invités pour réduire les coûts, etc. Bref, cela ne fait pas toujours envie. Je vais davantage m’attarder sur ce débat car il est à mes yeux bien plus important que celui sur la nécessité ou non de prendre sa retraite pour être « un(e) vrai(e) ».

En fait ce que sous-entend ce débat c’est qu’on ne peut atteindre la liberté financière qu’en sacrifiant son style de vie et même son confort matériel. Donc qu’il faut être un ascète. Il nous faudrait alors devenir un Diogène des temps modernes — ce philosophe grec dont vous avez sans doute entendu parler il y a bien longtemps, qui vivait dans un tonneau et déclara à Alexandre le Grand : « ôte-toi de mon soleil ».

Diogène par Jean-Leon Gérôme (1860) — le tonneau était en fait une grande jarre couchée sur le sol

Cette vision du FIRE comme frugalisme est portée par des ténors du mouvement tel que le très célèbre Pete Adeney (alias Mr Money Mustache) ou encore l’astrophysicien Jacob L. Fisker, le père de l’early-retirement extreme (sur lequel nous allons revenir). Réduire les dépenses au maximum est une fin en soi dans cette vision. Cependant celle-ci ne fait pas consensus.

D’autres comme Ramit Sethi, l’auteur de I Will Teach You To Be Rich, considèrent qu’on peut atteindre la liberté financière tout en prenant son mocka chez Starbucks tous les matins. Mais, et c’est là que la philosophie de Sethi est bien plus intéressante que ce que j’avais compris à l’origine, on dépense dans ce que l’on aime à condition de réduire drastiquement les dépenses dans des domaines qui ne nous apportent aucune satisfaction. Oui on va chez Starbucks tous les matins, mais à côté on va au travail à vélo et porte des vêtements d’occasion. Comme il n’y a pas 50 catégories de dépenses desquelles on tire vraiment du plaisir, même si on augmente nos dépenses dans cette catégorie, la réduction opérée dans les autres sera telle qu’elle compensera cette hausse et nous permettra d’épargner bien plus que la moyenne. Si on voulait donc résumer la vision d’auteurs comme Sethi, il s’agit d’un frugalisme sélectif par opposition au frugalisme total d’Adaney et Fisker.

Bien. Du coup cela veut-il dire que mon appartement doit ressembler à cela ?


Le bureau de Joshua F. Millburn dans sa maison (ABC News)

Pas nécessairement. C’est là qu’une distinction s’impose entre le FIRE et le minimalisme. Si vous êtes comme moi, vous avez découvert le minimalisme grâce au documentaire qu’y a consacré Netflix. On y rencontre deux des plus grandes voix du mouvement, Joshua F. Millburn et Ryan Nicodemus, les auteurs du blog TheMinimalists. Si le frugalisme s’intéresse à nos dépenses, le minimalisme s’intéresse aux choses que nous possédons. Et surtout au rapport que nous entretenons avec elles. Pour les minimalistes, nous accordons bien trop de valeur aux choses (vêtements, meubles, livres, bijoux, appareils électroménagers, bibelots, etc.) et posséder plus de choses devient souvent une fin en soi sans se demander si elle ajoutent vraiment de la valeur à notre vie. Le minimalisme est donc une critique radicale du consumérisme matériel tandis que le frugalisme critique davantage la société de consommation dans son ensemble.

Le minimalisme est assez proche du FIRE, notamment dans l’early-retirement extreme (je suis désolé d’en parler à nouveau sans le définir, mais ça arrive). Mais le minimalisme va davantage viser une liberté spirituelle et psychologique par le détachement des choses matérielles. De son côté, le FIRE comporte une dimension financière très forte qui est absente du minimalisme et vise une liberté financière, c’est-à-dire ne plus avoir besoin de travailler pour vivre d’un point de vue financier.

Si l’on résume. La liberté financière signifie que les revenus de vos investissements sont suffisants pour couvrir vos dépenses, ce qui ne vous rend plus dépendant(e) de votre travail. Cependant, décider de continuer à travailler ou non est votre choix. Atteindre la liberté financière est un long chemin qui suppose d’augmenter son taux d’épargne, donc de réduire ses dépenses. Vous pouvez chercher à réduire toutes vos dépenses, à les réduire drastiquement, ou encore à les réduire de façon sélective.

Cependant, les différentes conceptions de la liberté financière ne s’arrêtent pas là. En réalité elles ne font même que commencer. Allons donc découvrir ensemble les 6 grandes formes de liberté financière.

Les 3 formes de liberté financière selon le niveau de vie souhaité

Revenons à nos discussions sur le frugalisme. En lisant ces lignes, vous pouvez avoir 3 réactions différentes.

Si vous êtes dans le premier cas, vous avez instinctivement compris le principe du Lean FIRE. Dans le second cas, vous êtes dans le FIRE classique, que l’on nomme aujourd’hui Regular FIRE pour le distinguer des autres. Enfin, si le frugalisme ne vous tente pas trop, alors le Fat FIRE devrait vous plaire.

Les deux phases du FIRE

Avant de rentrer dans le détail, il faut bien que vous ayez à l’esprit que la liberté financière comporte deux étapes. On pourrait les résumer par : avant et après. Mais c’est un tout petit peu plus subtil.

Vous pouvez très bien décider de ne vivre qu’avec 1 500 € par mois pendant votre phase d’épargne et de travail, avec comme objectif d’atteindre 2 000 € de revenus mensuels nets d’impôts de vos placements. Il y a en effet une subtilité dans la définition que nous avons donné du FIRE quand nous avons parlé du fait de « couvrir vos dépenses ». Il ne s’agit pas de vos dépenses actuelles mais du niveau de dépenses que vous voulez avoir dans le futur.

Si vous reprenez la stratégie du Starve & Stack dont nous vous parlions, vous pouvez voir qu’il s’agit d’avoir des dépenses les plus basses possibles pendant un moment (donc de faire des sacrifices soyons francs) mais que cela n’est pas le style de vie que l’on veut avoir une fois la liberté financière atteinte.

Gardons cela en tête et passons maintenant aux trois formes possibles de liberté financière en fonction du niveau de vie souhaité au moment de décider ou non de prendre sa retraite anticipée (la partie verte).

Le Regular FIRE

Il s’agit du cas classique de route vers la liberté financière. L’objectif est de pouvoir couvrir des dépenses comprises entre 40 000 et 60 000 € par an. Il faut donc en moyenne un capital compris entre 1 million et 1,5 million d’euros. Pour l’atteindre, le taux d’épargne visé durant la période d’accumulation de votre patrimoine est de 50 %.

À titre de comparaison, le taux d’épargne moyen des Français est de 5,3 % d’après les chiffres de la Banque de France (il s’agit du taux d’épargne financier qui comptabilise l’épargne dirigée vers les produits financiers, tandis que le taux d’épargne comprend également les remboursements de prêts).

Le Lean FIRE

Le principe du Lean FIRE est d’adopter un mode de vie plus frugal et plus minimaliste dans sa quête de la liberté financière. L’objectif est ainsi de pouvoir atteindre la liberté financière bien plus rapidement que dans le cas classique.

Pour vous donner une image, le Lean FIRE consisterait à vivre une bonne partie de l’année dans un camping-car en faisant le tour de l’Europe ou encore d’aller vivre dans des pays avec un faible niveau de vie (ou des régions) pour augmenter son pouvoir d’achat. L’image est volontairement un peu forte voire caricaturale.

Mais prenons tout de suite une illustration chiffrée pour comprendre le principe. On image que Nicolas a 35 ans, gagne 3 000 € nets par mois et épargne déjà 15 % de ses revenus. On suppose qu’il n’a pas d’épargne. Il hésite entre le Regular FIRE et le Lean FIRE. Voici ce que pourraient donner ses calculs (j’ai mis en évidence l’impact du passage du Regular au Lean) :

Dans la situation initiale, il lui faut accumuler un capital produisant des revenus passifs de 30 600 € par an. En épargnant 450 € par mois, qui sont investis et génèrent un rendement annuel de 5 %, il lui faudra 42 ans pour atteindre la liberté financière. Il aura à ce moment 77 ans (car on supposait qu’il avait 35 ans) donc cela n’aura pas un immense intérêt pour lui (je veux dire qu’on lui souhaite d’avoir pu prendre sa retraite avant !).

S’il décidait de changer son style de vie pour atteindre l’indépendance financière, il estime qu’il pourrait économiser 40 % de ses revenus. Il pourrait maintenir ce style de vie, donc ce niveau de dépenses, au moment d’atteindre sa liberté financière. À ce moment, en réduisant de 30 % ses dépenses, il divise par deux le temps qui lui faudrait pour atteindre la liberté financière. De 77 ans, elle est ramenée à 56 ans. C’est déjà plus intéressant !

Mais Nicolas pourrait jouer sur les deux tableaux. Il pourrait modifier en profondeur son style de vie pour réduire très fortement ses dépenses et ainsi accroître la rapidité avec laquelle il augmenterait la valeur son patrimoine. Mais, et c’est là que joue vraiment le Lean FIRE, si ce nouveau style de vie lui convient, il pourra maintenir ce niveau de dépenses au moment de prendre sa retraite anticipée. Cela signifie qu’il n’a plus du tout besoin d’accumuler un capital aussi important.

Dans le cas du Regular FIRE, il doit viser un patrimoine de 540 000 €. Mais dans le cas du Lean FIRE, ce montant tombe à 360 000 €. Donc non seulement il accumule plus rapidement son patrimoine mais il a besoin d’atteindre un montant moins élevé. C’est là que joue pleinement le Lean FIRE. La conséquence est alors sans appel : dans 12 ans il aura atteint la liberté financière.

En divisant par deux ses dépenses et en maintenant ce niveau au moment de prendre sa retraite anticipée, il réduit de 70 % le temps qui lui aurait fallu pour atteindre la liberté financière.

Au passage, selon l’INSEE, un peu moins de 30 % des Français ont un patrimoine supérieur à 360 000 €. Bien sûr cela prend en compte la valeur de leur résidence principale, mais ce que je veux vous dire ici c’est que le Lean FIRE est une stratégie bien plus facile à exécuter sur le papier que le Regular FIRE. J’écris « sur le papier » car elle suppose un vrai changement de mode de vie.

Le Fat FIRE

Le Fat FIRE est l’exact inverse du Lean FIRE. L’idée est ici de prendre une retraite anticipée avec un très haut niveau de vie. On le situe à partir de 60 000 € de dépenses annuelles et souvent au-delà de 100 000 €. La conséquence directe est que le patrimoine nécessaire au financement d’un tel train de vie est bien plus important que pour un Regular FIRE (ou qu’un Lean FIRE vous aurez compris l’idée). On parle d’au moins 2 millions d’euros. Là pour le coup on rentre dans les 1 % des Français les plus riches. On est même en réalité encore en-dessous de ce seuil.

Je dirai que ce type d’indépendance financière n’est vraiment atteignable que pour des personnes ayant des revenus très élevés. Très très élevés. Car il vous faut épargner pour constituer ce patrimoine. Ce qui suppose que vous gagnez bien plus que 100 000 € par an. Si vous ne gagnez « que » 150 000 € et épargnez donc un tiers de vos revenus, il vous faudra 25 ans pour devenir financièrement indépendant (en supposant que vous n’ayez pas de patrimoine financier). Donc globalement il faut avoir des revenus annuels supérieurs à 170 voire 200 000 € pour envisager ce type de FIRE.

Si l’on résume. La liberté financière est le moment où vos revenus passifs couvrent vos dépenses. Le style de vie que vous souhaitez avoir à ce moment, donc le niveau de dépenses, va avoir un impact sur le type d’indépendance financière recherché : Lean, Regular ou Fat. Mais derrière ces 3 formes existent également 3 stratégies différentes que nous allons aborder maintenant.

Les 3 stratégies d’atteinte de la liberté financière

La stratégie classique pour atteindre la liberté financière consiste à diminuer ses dépenses et essayer d’augmenter ses revenus pour accroître très fortement son épargne, puis à investir cette épargne jusqu’à ce que le rendement de ses investissements couvre ses dépenses. L’objectif étant que ce moment arrive avant l’âge légal du départ à la retraite et nous permette de prendre une retraite anticipée.

Nous allons cependant explorer trois variantes de cette stratégie. La première consiste à l’accélérer. Beaucoup.

L’early-retirement extreme (ERE)

Le concept d’early-retirement extreme (ERE) a été forgé par un ancien astrophysicien danois, Jacob Lund Fisker. Je dis ancien non parce qu’il est depuis décédé (il est né en 1975) mais bien parce qu’il a depuis longtemps pris sa retraite anticipée. Je vais tout de suite vous dévoiler les chiffres dont on parle dans cette stratégie, pris sur l’exemple de Fisker.

Fisker est devenu financièrement indépendant en 5 ans (2001-2006), à l’âge de 31 ans. Il dépense environ 7 000 $ chaque année. Fisker a toujours été très économe puisque son taux d’épargne habituel était de 70-80 %. Il a créé son blog, Early Retirement Extreme, en 2007. Fisker a quitté sa carrière d’astrophysicien en 2009 à l’âge de 33 ans (ce qui soit dit en passant est d’autant plus jeune qu’il avait effectué de très longues études). Il a ensuite écrit un livre en 2010 (vendu déjà plus de 44 000 fois). Il a depuis poursuivi son chemin, fidèle à ses principes, et en 2018 ses revenus passifs couvrent 3 fois ses dépenses et son épargne 102 années de consommation.

Une fois ces présentations faites, je pense que comprenez mieux pourquoi on parle d’ « extreme » ! Et surtout la différence avec le Lean FIRE. Du moins en quoi l’ERE est une variante hyper aggressive du Lean FIRE.

Je ne vais pas rentrer dans les détails de l’early-retirement extreme car cela serait trop long étant donné combien ce style de vie va sembler de la pure folie à la plupart des lecteurs et lectrices. Nous en rediscuterons sur Money Doctor. Je vous encourage vivement à creuser le blog de Fisker et son forum où vous trouverez des centaines d’exemples de personnes en route vers l’ERE. Je voulais juste souligner ce qui pour moi est la vraie différence entre l’ERE et le Lean FIRE (et le FIRE en général). La phase d’épargne et de constitution du capital dans l’ERE est trop courte pour profiter des intérêts composés. Fisker l’explique d’ailleurs très bien. Cela suppose donc une stratégie financière assez différente du FIRE classique, qui se traduit notamment par une explosion du taux d’épargne.

Pour finir, et c’est très important, Fisker est marié et son épouse et lui se répartissent les dépenses à 50/50. Il ne s’agit donc pas de faire vivre une famille de 5 personnes sur 5 000 € par an. Le budget annuel de Fisker et de sa femme est donc de 14 000 $. Savoir cela vous aidera peut-être à déjà mieux respirer. Si ce n’est pas le cas, allons nous ressourcer sur la plage.

Le Coast FIRE

On pourrait renommer cettre stratégie le « Lazy FIRE ». C’est dans la réalité la première à s’écarter vraiment du FIRE classique. Le principe est d’accumuler le plus tôt possible un capital investi qui vous permettra mécaniquement d’atteindre la liberté financière sans que vous ayez besoin de continuer à épargner et à investir. Il s’agit donc de l’exact opposé de l’ERE puisque cette stratégie repose presque exclusivement sur les intérêts composés. Un exemple en image :

Imaginons qu’à 35 ans vous accumulez une épargne de 250 000 € qui est investie et retourne un rendement annuel de 5 % après inflation. Vous laissez cette épargne sur son compte et retournez consulter le solde 30 ans après à 65 ans. Elle vaut à présent 1 080 500 €. Les 830 000 € supplémentaires (soit 75 % de la valeur du placement tout de même) ne sont pas apparus par magie mais grâce aux intérêts composés. En d’autres termes, sur vos 35-65 ans, vous n’avez pas eu à épargner un seul centime de plus pour devenir millionnaire. C’est pour cela qu’on le nomme le « Coast FIRE », car coast signifie aussi « se la couler douce ». Mais, si cela repose sur les intérêts composés, ça doit bien être très proche du FIRE classique non ?

Pas tout à fait. Car dans ce scénario vous ne prenez jamais votre retraite anticipée. En effet, votre capital va croître jusqu’à vos 65 ans et pour cela il faut que vous n’y touchiez pas (c’est-à-dire que vous n’en retiriez pas une partie). Concrètement votre passive income est toujours intégralement réinvesti et jamais consommé. Quel est l’intérêt de cette stratégie du coup ?

Le premier atout du Coast FIRE est que vous pouvez tout de même profiter d’une retraite anticipée. Vous pouvez vous arranger pour devenir financièrement indépendant à 60 ans par exemple, en épargnant davantage au début, en continuant un peu d’épargner ou en réduisant vos dépenses (donc le montant des revenus passifs dont vous avez besoin pour les couvrir). Notez cependant que si votre plan consiste à faire un Coast FIRE à 50 ans en épargnant sur toute la période… c’est un FIRE classique 😉

Non, le vrai atout du Coast FIRE pour moi est qu’il vous permet immédiatement de gagner en liberté. Rappelez-vous du premier débat où nous abordions la nécessité ou non de continuer à travailler. Le Coast FIRE vous permet de vous poser cette question bien plus rapidement. Imaginons qu’à 35 ans vous ayez accumulé un capital de 250 000 € après avoir épargné 50 % de vos revenus depuis que vous avez 20 ans. Si vous n’aimez pas votre job ou auriez envie de changer de vie, vous pouvez le faire en acceptant une réduction de moitié de votre salaire, puisque vous n’avez plus besoin d’épargner (enfin plus pour le FIRE, donc presque plus dans la réalité mais vous comprenez l’idée). Vous n’avez pas besoin d’attendre vos 45 ou 50 ans pour changer de vie.

Je vois pour ma part le Coast FIRE comme la première vraie étape de votre route vers la liberté financière. Car à partir du moment où vous avez atteint ce stade, normalement quoi que vous fassiez à côté vous ne pouvez plus vraiment échouer à devenir financièrement indépendant. Bien sûr cela suppose de commencer à épargner et à investir très tôt, mais cela ne vous surprendra pas puisque c’est notre mantra et sans doute le vôtre si vous nous lisez. Le Coast FIRE fonctionne parfaitement avec la stratégie du starve & stack, aussi je vous incite fortement à lire cet article rédigé par Mounir qui vous la présente.

Il nous reste une dernière stratégie à voir. Suivez-moi une dernière fois !

Le Barista FIRE

Si vous traînez sur des forums et blogs américains, vous avez sans doute également entendu parler de cette stratégie. L’idée du Barista FIRE est d’accumuler un capital qui génère des revenus passifs qui vont vous permettre de quitter votre job ou de passer à temps partiel, mais sans que vous puissiez vous passer d’un salaire. D’où le terme « barista ». L’idée est d’occuper un emploi à temps partiel dont le réel intérêt est de compléter vos revenus passifs pour vous permettre de vivre vos passions le reste du temps.

J’attire ici votre attention sur une chose très importante. En fait ce type de FIRE n’a pas forcément un grand intérêt pour un Français mais est bien plus intéressant pour un Américain ou un Anglais. La clé réside dans la différence de nos systèmes d’assurance maladie. En France vous n’avez pas besoin de la mutuelle de votre employeur pour être soigné(e) à l’hôpital. Nous avons un réel système de solidarité. Ce n’est pas le cas dans le monde anglo-saxon où le choix d’un employeur dépend beaucoup de la couverture santé qu’il offre. Donc le vrai principe du Barista FIRE c’est en fait d’avoir ce job à temps partiel qui couvre une partie de vos dépenses et surtout vous fait bénéficier d’une couverture santé. Je ne dis donc pas qu’il n’a pas d’intérêt en France mais plutôt qu’il faut bien avoir en tête cette donnée sur le système de santé pour comprendre son intérêt réel pour un anglo-saxon.

Si on résume tout cela

Si vous êtes encore avec moi à ce stade, félicitations ! J’espère que cet article vous permettra d’y voir plus clair sur tout ce que peut être la liberté financière. Je vous propose un résumé très rapide de ce que nous avons pu voir, en images.


Comments 2

  1. Très intéressant. J’étais loin de connaître les différentes sous catégories du FIRE! Disons que je suis entre le Lean et le Regular sur les montants visés, et entre l’été et le Barista pr la philosophie !
    Par contre je pense qu’il faudrait préciser la définition du taux d’épargne :
    – ratio calculé sur les revenus avant ou après impôt sur le revenu (net ou net net ?)?
    – ce taux d’épargne doit il inclure les remboursements d’emprunt pour la RP ?
    Bonne continuation

    1. Post
      Author

      Hello Vincent, merci pour votre commentaire !
      J’avoue avoir hésité sur la définition du taux d’épargne car effectivement elle est aussi sujette à débats.
      Pour vous répondre, la Banque de France distingue le « taux d’épargne » qui inclut le remboursement de l’emprunt pour la RP (env. 15 % du revenu des ménages) du « taux d’épargne financière » qui ne l’inclut pas (env. 5 % du revenu des ménages).
      Pour ma part je dirai qu’il faudrait partir de toutes les entrées d’argent (revenus avant impôts mais aussi les aides que vous pouvez recevoir) puis calculer :
      – un taux d’épargne global qui en fait correspond à l’argent que vous ne dépensez pas ; je considère à ce moment que le remboursement de l’emprunt sur votre RP est un investissement et non une dépense (par contre un crédit à la consommation ou un crédit auto est une dépense pour moi),
      – un taux d’investissement qui prend en compte seulement l’épargne que vous investissez, qui est la seule qui vous génèrera des revenus passifs à terme (contrairement à votre RP ou à une épargne de précaution). L’intérêt du taux d’investissement est de mesurer si vous utilisez vraiment votre épargne pour investir ou si elle est juste planquée sous le matelas.
      Mais cela mérite un petit article !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *