Vous savez, j’aime méditer sur ces questions que je me suis posé il y a quelques temps, afin de les analyser avec du recul. Et parmi ces questions, il y en a deux que tous les jeunes se posent : pourquoi gagner de l’argent est dur, et pourquoi dépenser son argent est si facile ?
Vous avez déjà été surpris en consultant votre solde bancaire ? Je ne parle pas d’être à découvert, mais simplement de voir un solde inférieur à ce que l’on pensait avoir. Personnellement, cela m’est arrivé plusieurs fois, et j’ai toujours été intrigué par la situation…
Et pourtant, personne n’a volé ma carte bancaire ni subtilisé mon mot de passe. Je suis bien celui qui a effectué chacune de ces transactions. Comment peut-on alors expliquer que mon cerveau soit si surpris par mon solde bancaire ?!
C’est ce qui m’a mené à essayer de comprendre comment nous fonctionnons vis-à-vis des dépenses, et le moins qu’on puisse dire, c’est que j’ai beaucoup appris ! Voici mes trouvailles :
Tout commence dans le cerveau :
Vous vous êtes déjà demandé comment notre cerveau réagissait à la dépense ? L’équipe du Professeur George Loewenstein s’est attelée à nous trouver une réponse en surveillant notre activité cérébrale. A l’aide d’un scanner IRM, les chercheurs surveillaient l’activité au niveau du cortex insulaire, partie du cerveau supposément associée à des stimulants désagréables (odeurs nauséabondes, choix stressants, exclusion sociale).
Chez les personnes réfractaires aux dépenses (Nous les appellerons les Gripsou), on remarque une forte activité au niveau du cortex insulaire. A contrario, les personnes peu sensibles à la dépense (Nous les appellerons les Panierpercé) montrent une faible activité cérébrale dans le cortex insulaire.
D’après -ce que j’ai compris de- la recherche, les Gripsou ressentent une forme de douleur inconsciente à l’idée d’avoir moins d’argent dans le futur, qui les décourage de dépenser. Les Panierpercé, en revanche, ne perçoivent pas ou très peu cette douleur, rendant la dépense plus facile.
L’équipe du Professeur Lowenstein suppose donc l’existence d’une échelle de sensibilité à la dépense, appelée l’échelle Spendthrifts-Tightwads (ou l’échelle Panierpercé-Gripsou pour nous)
Mais l’enseignement le plus intéressant de cette étude reste à venir !
En effet, l’étude suggère que face à chaque dépense, l’individu effectue sa décision en fonction de deux paramètres :
- Le plaisir immédiat qu’il tirera de la dépense,
- La douleur immédiate qui résultera de la dépense.
A ma connaissance, cette formulation est différente de celle de la microéconomie moderne, qui suggère plutôt un arbitrage entre plaisir immédiat (en cas de dépense) et plaisir futur (en cas d’absence de dépense). Il faut néanmoins souligner que le paramètre temps, primordial dans cette théorie microéconomique, n’est pas pris en compte dans l’étude du Pr. Loewenstein.
Jolie étude, mais ensuite ?
J’ai gardé le meilleur pour la fin ! Les Gripsou et les Panierpercé ont une caractéristique commune : ils sont moins heureux qu’une personne qui assume pleinement ses dépenses.
Ce qui veut dire qu’au lieu de souffrir au moment de sortir son portefeuille, ou de regretter amèrement ses excès dépensiers, il vaut mieux avoir anticipé toutes ces dépenses afin d’éviter des émotions compliquées. Au fait, vous avez fait votre budget ?
Si vous voulez le détail de l’étude, voici un lien vers le rapport en pdf.
Votre moyen de paiement joue aussi un rôle !
Et si dématérialiser la monnaie nous poussait à consommer plus ?
Nous avons tous de petites théories sur la vie, n’est ce pas ? Pour ma part, j’ai toujours pensé que le passage du troc à la monnaie, puis de la monnaie à la carte, puis de la carte au paiement mobile (etc.) changeait notre perception de la dépense.
EH BIEN J’AVAIS RAISON !
Cette étude réalisée en 2014 a en effet vérifié ma théorie : elle a évalué la probabilité de dépenser selon le mode de paiement.
Trois modes de paiements étaient proposés aux sujets de l’expérience : paiement en liquide, paiement par carte (instantané, ça a son importance !) et paiement via un compte Paypal.
Résultat, les participants dépensent plus lorsqu’ils paient par carte. Il n’y a pas photo ! Regardez ce graphique :
Axe des abscisses : produit proposé à l’achat.
Axe des ordonnées : dépense moyenne selon le moyen de paiement.
Joli graphique, et ensuite ?
Maintenant que l’étude est derrière nous, il nous faut apprendre à maîtriser ce biais. Voici une sélection de mes initiatives et recherches :
- La première bonne nouvelle, c’est que vous connaissez à présent son existence ! Mine de rien, c’est la première étape pour corriger les choses.
- Si vous budgétisez, ce que je vous recommande fortement, vous pouvez comparer vos dépenses en fonction du moyen de paiement. Peut-être que vous serez capable de reproduire l’étude à votre échelle ?
- Vous pouvez essayer de rendre la dépense pénible: par pénible, j’entends rajouter des efforts non nécessaires à la réalisation de votre dépense.
Cela peut-être demander à votre banque de désactiver le paiement sans contact sur votre carte, ou encore vous obliger à reporter chaque transaction immédiatement avant de l’avoir effectuée. Pour les plus extrêmes, vous pouvez choisir de ne pas prendre de carte bancaire avec vous en sortant !
Pour info, j’ai testé la méthode “pas de carte bancaire” pendant mon passage au Japon (qui, assez étonnamment, repose beaucoup sur les paiements en espèce) et ce fut un désastre : beaucoup de frustration, pour au final quelques centimes d’économisés. Si vous avez eu plus de succès, je serais ravi d’entendre votre histoire 😊
Personnellement, je ne suis pas fan de rendre nos vies plus pénibles. Le MoneyDoctor vise au contraire à simplifier sa vie et en tirer le meilleur.
C’est pourquoi je privilégie aujourd’hui une budgétisation rigoureuse : on ne peut pas dépenser l’argent que l’on n’a pas 😃 !
Le boss final : nos habitudes de consommation
Ai-je vraiment besoin de dire que nos habitudes nous définissent ? Et qu’elles sont difficiles à changer ? Non, les (défuntes) bonnes résolutions sont là pour nous le rappeler …
Et pourtant, il ne faut pas désespérer et continuer à essayer de changer nos mauvaises habitudes. Mais comment les détecter ? Certaines habitudes sont tellement ancrées dans notre routine que nous ne les identifions plus comme anormales… A mon humble l’avis, l’astuce la plus simple pour corriger cela est la prise de recul.
Si vous avez un budget, excellent ! Comptez le nombre de fois où un même intitulé de dépense revient, et vous avez là vos transactions les plus récurrentes. Additionnez le montant de chaque transaction et BOUM, prise de conscience.
Si vous n’aimez pas Excel, vous pouvez utiliser des agrégateurs de comptes comme Bankin, Linxo, Wicount, etc. pour avoir la même information.
Comme il faut montrer l’exemple, voici une capture d’écran de mes comptes perso. On y voit que j’ai dépensé ~50€ chez un foodtruck qui fait d’excellents muffins à la myrtille.
Cette habitude m’a coûté 52.70€ en trois mois, et bien que j’adore leurs muffins 🧁, je ne peux pas m’empêcher de me dire que cette dépense aurait pu être très simplement évitée…
Attention cependant ! Le MoneyDoctor améliore ses finances pour mieux vivre, et ne sacrifie rogne pas sur l’essentiel pour économiser quelques centimes. Il faut trouver un juste équilibre entre la poursuite de nos objectifs et les sacrifices financiers à faire.
(Et c’est notamment pour ça que vous ne verrez pas mes dépenses en sushi 🍣)
Je ne suis pas expert en changement d’habitudes, mais je peux vous recommander la lecture de l’excellent Le Pouvoir des Habitudes de Charles Duhigg. Il sait à coup de métaphores simples et d’expériences véridiques nous enseigner comment progressivement changer ses habitudes. Mais il faut mettre la main à la pâte …
J’espère que cette petite balade dans le monde de la psychologie vous a plu 😁 ! S’il est vrai que dépenser son argent est facile, vous êtes à présent mieux armé pour combattre les impulsions de votre cerveau
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[instagram-feed num=3 cols=3]Fan de technologie (Data Science, Blockchain, Tangle, Cybersécurité) et de finance personnelle, j’ai trouvé cette combinaison parfaite en crypto. Je navigue les marchés à grand renforts d’atay !