Pourquoi l’école ne nous apprend pas comment gérer notre argent est mystérieux. Le silence de l’éducation nationale sur un sujet aussi important ne peut qu’interroger. Mais n’est-ce pas en l’état la meilleure des solutions ?
Belle rentrée à tous ! Je suis également de retour de mes vacances au Vietnam et il est donc temps pour moi de reprendre la plume aux côtés de Mounir qui a su bien faire vivre le blog en mon absence. Ce mois d’août qui s’est achevé a ainsi été notre meilleur mois depuis le lancement en nombre de visites, merci à vous ! Reprenons donc tous ensemble notre route vers le FIRE avec un article qui essaie de répondre à une question qui nous taraude tous sans doute depuis des années…
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Faire la liste de tout ce que l’école ne nous a pas appris est une longue tâche tant celle-ci est importante. Même lorsque que par « école », on décide de se limiter au lycée. La gestion de notre argent en fait clairement partie, mais aussi la compréhension de notre santé et de notre nutrition. Je pourrai évidemment en ajouter d’autres. Mais à l’occasion de cette rentrée scolaire, c’est au silence de l’école sur la gestion de l’argent que je souhaitais m’intéresser, pour vous montrer que ce n’est peut-être pas une mauvaise idée en l’état.
L’école aborde indirectement la question de l’argent
Tout d’abord, force est de reconnaître que l’argent est évoqué de manière indirecte à l’école via les cours de mathématiques et d’économie. Cela constitue déjà un bon début. Les nombreux articles déjà publiés sur ce blog utilisent très souvent des simulations, donc des maths, pour réfléchir aux bienfaits et méfaits de stratégies patrimoniales. C’est même toute la base de l’importance des intérêts composés, qui justifient de débuter ses investissements le plus tôt possible.
Cependant pour moi les cours les plus intéressants de ce point de vue étaient ceux d’économie. J’ai fait une filière ES (donc je suis officiellement un dinosaure) donc j’ai été très exposé au sujet. C’est en prépa que j’ai réalisé combien la compréhension de l’économie était importante pour bien gérer son argent, et surtout ses investissements.
Quand vous voulez investir dans l’immobilier par exemple, vous cherchez à savoir si c’est le bon moment, donc que vous aurez un taux bas et des prix bas, avec une perspective de remontée des prix dans les années à venir, au moment où vous vendrez. Pour cela, il faut comprendre le processus de création monétaire, donc l’action des banques centrales via leur taux d’intérêt directeur, puis l’impact sur les banques, mais aussi les cycles de prix de l’immobilier. J’en passe et des meilleurs.
Donc l’école aborde par la petite porte la gestion de l’argent. Le problème c’est qu’elle pose des bases que seuls quelques-uns d’entre nous sauront exploiter plus tard, sans compter toutes celles et ceux qui ne les auront jamais – je pense aux élèves voulant supprimer les maths de leurs cursus ou l’économie, même si la réforme Blanquer sauvegarde a minima quelques heures de maths chez tous.
Nous vous avons déjà parlé des ravages du manque d’éducation financière. Donc en théorie l’école gagnerait à s’emparer du sujet. Mais peut-être est-ce mieux qu’elle ne fasse rien. Voici pourquoi…
En l’état, l’école n’est pas capable de nous enseigner à gérer notre argent
L’argent est un sujet hautement polémique, bien plus que la nutrition, la religion ou le sexe. Aborder ce sujet en classe nécessite de prendre de nombreuses précautions. Nous abordions une partie de ces précautions dans notre article sur les money talks, car ce sujet est toujours difficile à manier.
Parler argent à l’école peut donc conduire à créer des tensions supplémentaires entre les élèves, mais aussi entre les élèves et leurs parents, donc à nouveau entre les parents et professeurs. Imaginez que votre famille gagne très bien sa vie. Pour fêter un gros bonus de fin d’année, vous achetez une nouvelle voiture. Le soir, votre fils de 17 ans vous fait un sermon en vous expliquant que vous gérez mal votre argent car il ne faut pas acheter de voiture neuve. Imaginez honnêtement votre réaction et je pense que vous comprendrez aisément que l’école n’a pas forcément intérêt à aborder ce sujet.
Ensuite, l’école manque de matière chez les élèves. Selon un sondage réalisé pour Fortunéo en 2017, 43% des Français donnent de l’argent de poche à leurs enfants. En moyenne, ils leur donnent 47 € par mois. Il faut aussi compter tous ceux qui font des petits boulots, jobs d’été et baby-sitting. Malgré cela, une part importante des élèves n’a pas de budget réel à gérer. On peut passer par des jeux, des simulations, des débats, mais la maturité des élèves sur ces sujets est difficile à évaluer.
Même si ce sujet était neutre et que les élèves étaient matures, l’école ne serait toujours pas capable de l’aborder. Car les professeurs ne sont pas formés à cela. Or si enseigner est un vrai métier, gérer un patrimoine l’est aussi. Sans quoi nous n’aurions pas un disclaimer sur ce blog vous expliquant que nous ne sommes pas des professionnels de la gestion de patrimoine, « juste » des passionnés. Il y a donc également un problème du point de vue de la formation des professeurs.
Ne pourrait-on donc pas passer par des intervenants extérieurs pour décharger les professeurs de cette responsabilité et éviter de trop associer l’école à l’argent ?
L’intervenant extérieur ou le cheval de Troie
Dans un monde parfait, on pourrait imaginer que des gestionnaires de patrimoine viendraient régulièrement dans nos classes éveiller les élèves à la gestion de leur argent. Professionnels de la gestion de patrimoine, ils le seraient également de l’éducation. Mais ce scénario est hautement impossible. Les gestionnaires de patrimoine en France sont actuellement trop peu nombreux et écrasés par les tâches administratives. Ils n’ont donc pas du tout le temps de faire cela. Déjà qu’ils ne travaillent en général pas avec les enfants de leurs clients, pourquoi iraient-ils parler à une classe ?
Et c’est là pour moi que cela devient très dangereux. Car une petite voix vient sans doute de murmurer à votre oreille : « Mais et les conseillers bancaires alors ? Ils sont nombreux, ils ont du temps. Pourquoi ne viendraient-ils pas en classe ? » C’est pour moi l’une des pires idées qui soit. Les conseillers bancaires sont des commerciaux qui ne sont pas formés à la gestion de patrimoine. De plus, imaginez-vous vraiment un conseiller Société Générale ne pas discrètement vous recommander de prendre date en ouvrant votre assurance-vie à la SG ? Il y aurait ici un tel conflit d’intérêt, au détriment certain des élèves, qu’il vaut mieux que le conseiller demeure dans son agence.
Je vais même aller plus loin et ouvrir avec cela. Vous vous souvenez de l’exemple de la voiture neuve que j’ai pris plus tôt ? Pensez-vous vraiment que si en France, on expliquait dans les classes que l’achat d’une voiture neuve est une mauvaise idée d’un point de vue financier, Renault et Peugeot resteraient les bras croisés ? L’industrie automobile emploie en France près d’un demi-million de personnes. Leurs élus locaux se mobiliseraient aussi.
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En conclusion, c’est un réel problème que personne n’enseigne aux élèves à mieux gérer leurs futures finances personnelles. Cela ne fait aucun doute. Mais cette situation vaut toujours mieux qu’un enseignement dévoyé car récupéré par des lobbys publicitaires ou bancaires. À mon très humble avis, la solution passerait par un enseignement dans le supérieur, auprès des étudiants, qui se posent sans doute beaucoup plus de questions à ce sujet. Les enseignants pourraient être du personnel formé à l’économie, la gestion de patrimoine et l’enseignement, et agréés par les régulateurs et l’Éducation Nationale. Exactement comme l’association La Finance pour tous, qui pourrait être appelée à jouer un rôle plus important dans le futur. Mais je serai très curieux d’entendre votre avis sur ce sujet. Et vos retours d’expérience si certains d’entre vous sont professeurs !
Photo by Paul Schafer on Unsplash
Passionné par les nouvelles technologies, la gestion de patrimoine et la lutte contre le manque d’éducation financière, je suis à mes heures perdues un amateur de bons vins 🍷 Essayez donc un petit Moscato d’Asti lors de votre prochain apéritif…