Quel taux de rendement peut-on atteindre ?

 Attaquons-nous ensemble à cette hypothèse primordiale, qui fait couler tant d’encre !

Nous continuons notre série sur l’établissement de votre plan vers le FIRE. Après notre article d’introduction hier, nous nous penchons à présent sur les hypothèses que vous devez prendre. Commençons par le taux de rendement de vos actifs.

 

L’importance du taux de rendement

C’est sans aucun doute l’hypothèse la plus importante. Plus ce taux est élevé, moins vous aurez besoin de temps pour atteindre le seuil de votre liberté financière.

Imaginons que vous épargnez 5 000 € par an pendant 20 ans, que vous placez sur un livret. En fonction du seul taux d’intérêt, voilà ce que vous aurez dans 20 ans : 

Rendement des actifs en fonction du taux de rendement

 

Souvenez-vous bien qu’ici, la seule chose qui change est le taux de rendement de l’actif. Vous comprenez donc pourquoi une erreur sur le taux peut être très handicapante pour vos projections. Elle peut vous conduire à penser que cet objectif est hors d’atteinte, ou vous conduire à sous-épargner.

 

Mais alors quel taux de rendement peut-on atteindre ?

Il est difficile de prédire quel sera le rendement moyen des actifs dans les 10 ou 20 voire 30 prochaines années. En particulier si l’on essaie de prédire le rendement net, c’est-à-dire hors inflation.

L’idée est de se tourner vers le passé pour avoir une idée des performances historiques. Pour cela, nous prenons une période temporelle suffisamment longue pour éliminer au maximum les effets liés aux crises et embellies. Le graphique ci-dessous vous présente le rendement annuel moyen hors inflation des principaux actifs disponibles en France, entre 1996 et 2016, avec l’hypothèse que les revenus tirés de ces placements ont été systématiquement réinvestis (ce que vous ferez avec vos propres investissements) :

Publier article Dates : 21 oct. 2019 à 11:00 - 11:30

Ça ne sort pas de mon chapeau, je vous indique la source en fin d’article

On pourrait commenter ce graphique pendant des heures, mais ce n’est pas l’objet de cet article 😉 J’ai indiqué en orange l’inflation car pour conserver votre pouvoir d’achat il faut que votre rendement lui soit au moins égal. Et j’ai mis en bleu clair l’assurance-vie et le livret A, produits que vous devez normalement déjà posséder.

N’oubliez pas au passage, que de nombreux produits d’investissement ne sont pas présents dans ce graphique : crowdlending, crowdequity, matières premières, produits structurés, art, forêts, etc. Et que ce graphique ne prend pas en compte votre fiscalité !

 

Quel taux dois-je prendre ?

Cela va dépendre de vos préférences d’investissement, de votre tolérance au risque et de votre stratégie. Sur les forums et blogs américains, l’hypothèse de rendement prise la plus commune est de 7-8%. Cela correspond au rendement historique des marchés actions, et traduit donc un tropisme américain pour l’investissement en actions (en direct ou au travers de trackers). 

Je vous conseille donc de prendre pour commencer une hypothèse conservatrice à 3% (hors inflation), qui correspond au rendement net de l’assurance-vie. Voyez l’impact que cela a sur vos projections. Ce sera votre scénario pessimiste. Il y a au passage de fortes chances que, sous ce scénario, vous ne puissiez pas atteindre l’indépendance financière. Il va donc falloir diriger une partie de vos investissements vers des supports plus rentables : actions (notamment celles des foncières cotées) et SCPI.

Une précision importante ici. Il est entendu que l’assurance-vie n’est pas investie à 100% en fonds en euros. La baisse tendancielle des taux d’intérêt directeurs a très largement rogné la performance des fonds en euros à tel point qu’on parle de leur mort annoncée. Il faut vraiment dépasser les obligations (donc les fonds en euros) pour obtenir des rendements supérieurs à l’inflation, ou des rendements de 3% hors inflation.

Vous pouvez aussi décider de sauter le pas de l’investissement immobilier de rendement. À ce moment, vous pouvez prendre une hypothèse de rendement net à 6% (puisque votre patrimoine devrait être diversifié, sur des supports moins risqués que des actions et des SCPI, donc moins rémunérateurs). Cela devrait être votre scénario normal, ou votre scénario optimiste si vous êtes réticent à investir directement sur le marché action ou à acheter des parts de SCPI, par exemple.

En somme, prenez donc un taux qui soit représentatif de votre stratégie et de la réalité du marché. L’intervalle 3% – 6% me parait très sûr. C’est celui que j’utilise à titre personnel.

 

Donc je ne peux pas battre le marché ?

Depuis que le marché existe, c’est sans doute une question qui hante tous les investisseurs. Je ne veux pas écrire un article vous expliquant pourquoi vous ne pourrez pas battre le marché. Mais, vous pouvez tout à fait être un excellent investisseur ou très chanceux. Vous pouvez avoir investi sur des cryptos, dont on ne connaît pas du tout le rendement, qui dans 5 ans auront vu leur valeur multipliée par 2 000.

Ma suggestion serait de ne pas prendre en compte ces investissements dans votre plan vers la liberté financière. En effet, si l’on revient sur les cryptos, elles ne dégagent pas de revenus récurrents tels que des intérêts, des loyers, ou des dividendes. Vous gagnez de l’argent avec une plus-value de cession, c’est-à-dire quand vous vendez. Ce sont réellement des investissements spéculatifs. Si vous investissez sur ces produits, je vous conseille de les sortir de vos projections. Si une plus-value devait se matérialiser, vous pourriez alors la traiter comme un revenu exceptionnel qui vous rapprochera de votre objectif. Cela dans le cas où vous la réinvestiriez sur des supports plus traditionnels bien entendu.

À ce sujet, soyez vigilants quant aux arnaques. Récemment, des particuliers se sont fait escroquer des centaines de milliers d’euros par des entreprises prétendant vendre un placement en diamant à des taux exceptionnels. Ne cherchez donc pas à tout prix à battre le marché si c’est pour aller miser sur de tels « placements ». Et diversifiez vos investissements.

*

J’espère que cet article vous aura permis d’y voir un peu plus clair et de faire le bon choix quant au taux que vous choisirez pour votre plan. N’hésitez pas à consulter cette excellente étude de l’IEIF sur les taux de rendement si vous voulez en savoir plus.

On se retrouve demain pour un article sur la progression des salaires au cours de sa carrière.

 

Photo by Kelly Sikkema on Unsplash

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