Retraite anticipée : quand Le Monde présente le FIRE

C’est un constat sans appel : le FIRE est très peu médiatisé en France par rapport aux Etats-unis, et c’est plutôt compréhensible. Après tout, il est plus difficile de prendre une retraite anticipée en France qu’aux USA : fourchette de salaires plus réduite, système de retraite désavantageux en contrepartie d’un filet de protection sociale beaucoup plus solide, etc.

Les médias classiques ont intérêt à braquer le projecteur sur les sujets qui concernent le plus grand nombre, et le FIRE n’en fait tout simplement pas partie.

J’ai donc été très agréablement surpris quand un ami m’envoya cet article du Monde rédigé par Catherine Rollot, également paru sur papier 😊. La lecture de l’article étant réservée aux abonnés, je me suis donc procuré l’édition papier et j’en analyserai quelques passages ici. Allons-y ! 

 

La frugalité, nécessaire pour atteindre la retraite anticipée

 

Le chapeau de l’article donne le ton : 

“On les appelle « les frugalistes ». Dès leur entrée dans la vie active, ils investissent et économisent pour quitter le monde du travail le plus tôt possible. Une vie d’ascète pour une retraite à la cool”

 

On ne peut qu’être content de cette première description qui identifie bien les objectifs et la mécanique simple du FIRE : économiser et investir dès que possible dans l’espoir de prendre sa retraite en anticipé. L’auteure évite ainsi le piège commun d’associer FIRE aux gros sous et à la poursuite insensée de placements ultra-lucratifs. 

Cependant, je ne suis pas sûr que tous les adeptes du FIRE se qualifieraient de frugalistes ou d’ascètes. Mais bon, les définitions de la frugalité varient selon chacun, et l’article reviendra plus loin sur ce point.

 

“Loin des débats sur le report du départ à la retraite et la pérennité du modèle fran­çais par répartition (les actifs paient les pensions des retraités), beaucoup dépen­sent désormais leur énergie à trouver le moyen de sauter du train métro-­boulot­-dodo, bien avant le terminus.”

 

La métaphore du train est parfaite : celui qui poursuit le FIRE souhaite se retirer du train-train quotidien et dédier son temps à autre chose. Et ce, le plus vite possible. En effet, les témoignages recueillis par l’auteure présentent plusieurs motivations de cette quête d’indépendance financière. 

Il y a d’abord l’envie d’éviter une situation actuellement pénible ou futurement peu avantageuse:

  • Travailler pour le plaisir de travailler est inutile,
  • L’attractivité à l’embauche décroît avec l’âge, un fait aggravé par la réforme des retraites,
  • Le manque de confiance en les futures pensions de retraites, également renforcé par la réforme de ces dernières,
  • Etc.

 

Le train de l'indépendance financière

Le train du FIRE avance vite – Photo par Paul IJsendoorn

 

Puis il y’a évidemment la motivation de prendre une retraite précoce pour:

  • Avoir l’emploi de ses rêves qui paie moins mais qui est plus gratifiant,
  • Devenir entrepreneur sans la pression de l’échec,
  • Passer plus de temps avec ses proches, ou sur ses passe-temps,
  • Rajouter quelques heures de sommeil à sa journée (ceci est une motivation personnelle).

S’il est vrai que les frugalistes ont la volonté d’échapper au système classique, ce dernier retarde assurément leur rêve de retraite, et ce à cause des contribution obligatoires payées durant leur emploi, dont ils ne bénéficieront que très peu une fois leur pension de retraite débloquée.

 

Le FIRE n’est pas fait pour tous, mais plusieurs voies existent 

 

“Un choix individuel qui est plutôt ouvert à des salariés bien payés et, pour la plupart, avec peu de charges familiales. Impossible d’épargner pour ceux qui pei­nent à joindre les deux bouts pour assu­rer leur subsistance. Mieux vaut aussi avoir une confiance solide en ses capaci­tés pour oser se lancer sur un chemin qui demande une discipline de fer et un goût des chiffres certain.”

 

L’auteure souligne ici justement ce que nous avions déjà constaté, la retraite anticipée n’est pas à la portée de tous. La route vers l’indépendance est basée sur l’investissement, qui dépend de notre capacité d’épargne. Si cette dernière est faible, la priorité sera d’essayer d’augmenter nos revenus via de la formation et une éventuelle reconversion professionnelle. 

S’il est vrai que la poursuite de la retraite anticipée demande de jongler avec quelques chiffres, il ne faut pas pour autant que ça en décourage certains ! La clé est de quantifier rapidement l’effort à fournir. Et pour cela, il y a deux questions à se poser : 

  1. Combien d’argent je gagne par an ? 
  2. De combien d’argent ai-je besoin pour vivre chaque année ?

Une fois que le chiffre magique à atteindre est défini, la routine de l’investisseur peut-être enclenchée. 

 

Catherine Rollot nous présente ensuite plusieurs ménages, et là, c’est une heureuse surprise que je découvre. Alors que les médias américains présentent souvent de jeunes couples sans enfants aux salaires délirants, cet article donne la parole à des couples avec enfants, à des strates de revenus différentes (mais toujours aisées). 

À mon sens, c’est une des informations qui manquent le plus à la scène de l’indépendance financière en France: une représentation fidèle des paramètres financiers et démographiques du ménage Français en quête de retraite anticipée.

 

“… Le néorentier américain a sa nomenclature. A mi-chemin entre le « Fat Fire », très à l’aise financièrement, et le « Lean Fire », le plus fauché de tous, le « Barista Fire » n’a pas tout à fait les moyens de ses ambitions. Pour s’assurer un complément de revenu et une couverture médicale, il exerce une activité en free-lance ou à temps partiel. Il se dit que beaucoup d’entre eux traîneraient leurs rêves d’oisiveté derrière les comptoirs d’un coffee shop.”

 

Autre mérite de cet article : il ne s’arrête pas à la définition basique du FIRE, mais va chercher quelques-unes de ses déclinaisons. En effet, la retraite anticipée se déguste à plusieurs parfums, allant du Lean FIRE qui garantit la survie mais sans plus, au Fat FIRE réservé pour ceux qui souhaitent un style de vie au-dessus de la moyenne. 

Les deux versions précitées sont simplement les 2 réponses extrêmes aux questions énoncées plus haut. Mais la version la plus intéressante à mon avis est celle du Barista FIRE : au lieu de se détacher complètement du monde du travail, pourquoi ne pas transitionner vers un emploi certes moins rémunérateur, mais également moins prenant. L’avantage est double: continuer à percevoir un revenu, et éviter une décote trop forte de la pension de retraite. Serait-ce le juste milieu du FIRE 😏 ?

Barista FIRE en France

Le Barista FIRE est peut-être idéal pour un FIRE à la française

 

Oui à l’indépendance financière, mais pas à n’importe quel prix !

 

« Nous profitons de toutes les possibilités du capitalisme pour nous acheter du temps et de la qualité de vie, avant les autres » Sophie, 44 ans, manageuse »

 

Avec cette citation, nous mettons le doigt sur ce qui différencie le mouvement du FIRE de la quête habituelle à l’enrichissement. Nous voulons acheter du temps, qui ne sera pas forcément dépensé en l’oisiveté, et la liberté de pouvoir entreprendre sans s’inquiéter pour notre survie. Et nul besoin d’être multimilliardaire pour cela ! Une autre citation complète l’attitude à avoir pendant la poursuite du FIRE : 

 

“ Il y a un côté challenge exci­tant qui ne doit pas virer à l’obsession, on veut toujours faire mieux pour atteindre le plus rapidement possible notre but »

 

Il arrive en effet lorsqu’on découvre le FIRE de se plonger dans l’optimisation à outrance. Parmi les exemples de frugalité exagérée:

  • Réduire ses sorties au point d’en affecter négativement notre vie sociale,
  • Laisser tomber ses passe-temps coûteux sans les remplacer,
  • Rogner sur des dépenses bénéfiques (Sport, lecture, etc.) sans trouver d’alternative (Jogging, emprunts à la bibliothèque).

Heureusement, les personnes questionnées renvoient toutes le même message : Maximiser son taux d’épargne au détriment de sa santé mentale est une équation où l’on est toujours perdant. Il faut épargner pour vivre, et non vivre pour épargner !

 

Cet article est somme toute excellent pour présenter le mouvement du FIRE en France. Il évite avec brio les écueils les plus communs (accent mis sur le patrimoine ou sur la frugalité à outrance) et présente un panorama diversifié d’enthousiastes qui partagent notre objectif : recapturer une portion de leur vie grâce à une discipline financière solide, tout en respectant leur équilibre de vie.

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Vignette par Simon Migaj

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